A l’origine, la Pentecôte est une fête juive. Elle se célèbre cinquante jours après la fête de « Pessah », la Pâque juive qui commémore la sortie d’Egypte du peuple d’Israël. S’il était encore besoin de le démontrer, notre foi chrétienne s’enracine dans la vie du peuple d’Israël. Il est le peuple qui a été choisi par Dieu pour recevoir la Loi au Sinaï. Le Seigneur Jésus, le Fils du Dieu vivant n’est pas venu pour abolir la Loi mais pour l’accomplir.

 Dieu a choisi un peuple pour s’incarner. Nul chrétien ne peut le nier… alors un chrétien qui est antisémite ne peut se revendiquer chrétien.

Jésus est ressuscité le jour de la fête de « Pessah ». Il montre ainsi à son peuple que le passage, vers la vraie terre promise, c’est Lui qui nous l’a ouvert. Il nous conduit de la mort à la Vie éternelle dans son royaume de lumière et de paix.

Même les Apôtres ont eu des difficultés à entrer dans la compréhension de ce grand mystère de notre foi. Un mystère qu’il nous faut cependant accepter, en demandant à Jésus lui-même de nous en donner les clés de lecture pour grandir dans la foi.

 Qui est l’Esprit saint ? l’Esprit. Une force qui donne la vie. L’Esprit créateur au début du monde, « comme un grand oiseau qui plane sur le cosmos en gestation » écrit le Père Bernard Poupard, Bénédictin, ancien prieur du monastère de Bouaké en Côte D’ivoire, dans un ouvrage intitulé « La face humaine de Dieu ». Il apparaît dès le second verset de la Bible, il donne la vie à Adam et à Eve. Il conduit le peuple d’Israël en inspirant les prophètes.

C’est ce même Esprit qui, le jour de la fête de « Shavouot », en hébreu, la Pentecôte, va avec une force inouïe s’emparer de ces onze hommes pour en faire des Apôtres intrépides. Ce n’est plus Moïse seul sur le Sinaï qui reçoit les tables de la Loi dans les éclairs et le tonnerre. C’est tout le peuple juif de la diaspora présent ce jour-là à Jérusalem qui est témoin de l’événement. L’Esprit parachève son œuvre de transformation des apôtres et fait d’eux des hommes totalement nouveaux. Ils n’ont plus qu’un seul et unique désir : « annoncer à tous les hommes la Parole de Dieu. »  Les langues de feu, le vent violent, c’est la manifestation de la présence de Dieu au milieu de son peuple, en termes savants c’est une théophanie ! Dieu leur donne de s’exprimer en toutes les langues pour que sa Parole ne soit pas réservée à une petite élite. La Parole, le Verbe de Dieu est pour tous et pour tous les temps. Je vous enverrai l’Esprit Saint leur avait dit Jésus.  Les Apôtres n’en espéraient peut-être pas tant !

Et nous aujourd’hui ? Avons-nous réellement le désir de recevoir l’Esprit Saint et de le laisser maître de toute notre vie ? Serions-nous prêts à accepter de l’Esprit Saint tous les dons et les charismes qu’il est disposé à nous donner, sachant que parfois cela peut nous conduire sur des sentiers que spontanément nous n’aurions pas emprunté ?

Nous avons chanté tout à l’heure le « Veni creator » en faisant une petite entorse à la liturgie de ce jour au lieu du « Veni Sanctae Spiritus ». Le Père Poupard écrit à propos du Veni Creator : « Cette hymne est chantée dans tous les moments décisifs où l’Eglise voudrait pouvoir dire, comme la première assemblée de Jérusalem : « Esprit Saint et nous avons pris cette option » Il poursuit : « Cette « hymne appelle l’Esprit sur l’être humain tout entier : l’intelligence, le cœur, le corps, les sens, la poitrine, la gorge. La chair de l’homme est le lieu où l’Esprit de Dieu repose et agit. Et c’est Lui qui anime aussi le grand corps de l’Eglise et de l’humanité »                                     

C’est ce qui vient de se passer lors de l’élection du Pape Léon XIV. Les cardinaux ont commencé par le chant du Veni Creator, puis se sont laissés conduire par l’Esprit pour élire celui que l’Esprit avait choisi pour guider l’Eglise.

Quand on étudie l’histoire de l’Eglise, on est convaincu que l’Esprit existe réellement et qu’il agit efficacement. Tout en respectant notre liberté, l’Esprit ne l’a jamais abandonnée à elle-même. Il lui a envoyé à chaque époque, les saints, les prophètes dont elle a besoin pour être guidée à travers les vents contraires du monde.

Frères et sœurs, je vous laisse sur cette question. L’Esprit saint, de notre baptême et pour la plupart de notre confirmation, veut nous combler de ses dons « en vue du bien de tous. ». Le laissons-nous prendre en nous toute sa place ?