« J’ai décidé d’‘écrire pour toi, cher Théophile… afin que tu te rendes
bien compte de la solidité des enseignements que tu as reçus. »
Il y a dans le prologue, le début, le commencement de l’évangile de Luc
quelque chose qui ressemble aux accents d’un rapport de police…Ou de
journaliste… C’est certainement pour cela que longtemps ce fut mon évangile
préféré !
Luc va faire pour un certain Théophile, une narration suivie des événements
qui se sont déroulés depuis le début de la vie de Jésus, et même un peu avant. Pour
une bonne compréhension de son lecteur, il situe le contexte. Les lieux, les dates, les
personnes concernées sont tous cadrés, situés. J’imagine bien Luc aujourd’hui. Il
serait muni d’un magnétophone, et irait interroger, après les avoir sélectionnés, tous
les témoins de la vie de Jésus.
Puis de retour dans son bureau je le vois bien en train de réécouter la bande,
trier, éliminer tel témoignage peu convaincant, retenir celui plus plausible. Classer
chronologiquement tout le matériau obtenu et enfin rédiger son rapport, son article !
Sûrement même, a-t-il commencé par la Mère de Jésus, la très Sainte Vierge
Marie ? En effet qui mieux que Marie aurait pu relater sobrement le récit de
l’Annonciation, de la Visitation, de la Naissance de Jésus, de la fugue au Temple… Il
n’y a que chez Luc que l’on trouve ces récits de l’enfance qui nous informent sur la
conception et la naissance, les débuts de la vie de Jésus. Puis il a continué en bon
hellénisant à interroger les uns après les autres les témoins oculaires, c’est à dire en
premier lieu les apôtres, Pierre, Jacques, Jean… puis les disciples hommes et
femmes, Marie Madeleine, Marthe, Lazare, Etienne… peut-être même quelques
opposants, quelques sceptiques, comme le Rabbi Gamaliel et aussi quelques
convertis plus tardifs, par exemple le centurion romain présent au pied de la croix…
Puis il a fallu faire le tri car on ne peut pas tout retenir. Pour un même
événement il faut prendre le témoignage le plus pertinent, le plus authentique ;
même s’il est moins précis dans les détails ! Il ne s’agit pas de faire dans le
sensationnel, mais de convaincre de la véracité des faits et gestes du fils de Dieu
venu sur la terre pour sauver tous les hommes.
Et ce rapport s’adresse à un nommé Théophile… Homme peut-être très
important, très influent, à moins que ce ne soit un converti récent encore dubitatif,
mais de toute manière c’est un homme cultivé puisqu’il sait lire…Nous ne savons pas
qui est ce Théophile, Luc ne nous a rien dit sur lui. Et d’un sens, c’est tant mieux !
Car Théophile se traduit par : « Ami de Dieu ». Ah… tiens donc !
Mais j’écoute la Parole de Dieu chaque dimanche à la messe. Je prends du
temps en semaine pour lire et méditer cette même Parole. Alors je suis un ami de
Dieu et c’est à moi que l’Evangile de Luc s’adresse….
Et Saint Luc nous avertit, s’il rédige son Evangile, ce qui signifie faut-il le
rappeler « Bonne Nouvelle » ce n’est pas pour que nous le mettions sur une
étagère où il prendra la poussière. C’est pour que nous puissions nous rendre
compte de la solidité des enseignements que nous avons reçu. Alors comment
pourrions-nous nous rendre compte de cette solidité de l’enseignement de Jésus si
nous n’ouvrons presque jamais le livre des Evangiles. Ou simplement
occasionnellement. Vous savez, notre catéchisme ne suffit pas. Il ne nous dit pas
tout ! Et puis pour certains il est si loin…
Mais l’Evangile est une Parole actuelle. Une Parole Vivante. Une Parole pour
aujourd’hui !
Relisez cette semaine l’évangile que l’Eglise propose aujourd’hui à notre
méditation. Ecoutez Jésus vous dire : « C’est à toi que j’ai été envoyé porter la
Bonne Nouvelle. Je viens te rejoindre dans ta pauvreté. Car tu es un pauvre. Tu as
peut-être accumulé des richesses sur la terre, des titres universitaires, des honneurs,
mais tu n’es qu’un pauvre. Tout ce que tu as accumulé ne te servira à rien pour
entrer dans la vie éternelle. » Le Cardinal J.M. Lustiger, en faisant son discours
d’adieu à l’Académie Française, disait qu’il partait rejoindre le fondateur de cette
noble institution, le Cardinal de Richelieu, mais que là où il allait il n’y avait plus de
cardinaux, mais des fils et des filles de Dieu.
Ecoutez Jésus vous redire : « Tu es peut-être prisonnier, captif de ton péché,
de tes habitudes, de tes mauvais penchants, mais, je suis venu pour t’en libérer si tu
me laisses faire. Tu es comme la multitude des êtres humains, aveuglé par
l’immédiateté des événements de ton existence mais je te dis avec force : ‘je suis
venu et je reviens vers toi pour te donner la lumière de la vie éternelle. » Et dans
cette vie éternelle il n’y aura plus que l’Amour parfait tout en tous.
Ecoutez Jésus vous redire : « Chaque fois que tu ouvres le livre de mon
évangile je te répète comme autrefois dans la synagogue de Nazareth un jour de
sabbat « Cette Parole de l’Ecriture que tu viens d’entendre, c’est aujourd’hui
qu’elle s’accomplit »
Oui c’est aujourd’hui, 24 janvier 2025 qu’elle s’accomplit ici à Chambord pour
chacun et chacune de nous.