Il vous est peut-être arrivé comme à moi, de vous prendre un jour la tête entre
les mains en vous disant que la résurrection de Jésus était une belle histoire à
laquelle vous aimeriez bien croire mais qu’en y réfléchissant, c’était impossible qu’un
mort reviennent à la vie. Jésus s’est montré à plusieurs personnes en même temps
dans des lieux différents. Il apparait et disparait… Comment croire à cela ? »
Vous avez entendu Thomas dans le passage de l’Evangile de dimanche
dernier. Si je ne vois pas, si je ne touche pas, je ne croirai pas !
C’est une histoire vieille de deux milles ans. Elle ne repose que sur les
témoignages rapportés dans les Evangiles ! Les plus acharnés, à la manière d’Ernest
Renan disent qu’il s’agit d’une légende inventée par les premiers chrétiens puis
propagée et embellie par l’Eglise catholique ! Bref ce ne serait qu’une belle invention
pour rassurer les gens simples et fragiles !
Aujourd’hui l’Evangile nous rapporte aussi un récit d’apparition de Jésus
ressuscité, mais la différence est importante, ils ne sont plus une, ou deux
personnes, mais un groupe de disciples, claquemurés au Cénacle. Ils sont enfermés
dans leurs pensées, dans leur peine, dans leurs doutes… ils se parlent entre eux
mais ils ne s’écoutent pas. Ils tentent de comprendre dans une sorte de soliloque
intérieur les événements de la passion et les faits troublants rapportés par les
femmes. Pourquoi sont-elles les seules à l’avoir vu vivant ? Et les deux disciples
d’Emmaüs pourquoi viennent-ils ajouter à leur trouble en leur racontant cette histoire
de repas partagé avec lui ?
Pierre et Jean ont bien vu le tombeau vide mais, lui ils ne l’ont pas vu…Et on
peut faire confiance à Pierre, c’est un homme solide, réfléchi qui ne s’en laisse pas
raconter ! Alors la résurrection de Jésus réelle…. Ou fantasmes de femmes, d’esprits
fragiles, perturbés par les événements dramatiques de la passion ?
Tout cela se bouscule dans leur tête. Leur corps sont fatigués par les nuits
sans sommeil, tétanisés par la peur d’être découvert et de subir le même sort que
Jésus ! Un seul semble ne pas douter, Jean. Mais c’est le plus jeune, alors personne
ne fait trop attention à lui. D’ailleurs il se tait.
Et, soudain, stupeur ! Il est là, au milieu d’eux alors que les portes sont closes.
Mais par où est-il passé ? Ils sont pétrifiés, ils n’osent pas lui parler, ils sont interdits !
Ce ne peut-être qu’un fantôme ! Une illusion de plus, due à la grande fatigue, à la
frayeur.
Jésus les rassure. Jésus a cette attitude bienveillante qu’il a toujours eue avec
eux. Mais il lui faut les apprivoiser car son corps de ressuscité est bien le même tout
en échappant maintenant aux contingences de notre monde. Son corps est hors du

temps et hors de l’espace tout en y intervenant !  « Touchez-moi ! Je ne suis pas un
ectoplasme, je suis bien vivant, j’ai une chair, un squelette, des os et je mange ! »
Vous vous souvenez, Marie Madeleine l’avait pris pour le jardinier. Elle ne le
reconnaitra que lorsqu’il lui dira tendrement : « Marie ». Les disciples d’Emmaüs
sont consternés par cet étranger qui les rejoints sur le chemin et ignore ce qui vient
de se passer à Jérusalem. Ils ne le reconnaitront qu’à la fraction du pain ! Mais à la
vue du Seigneur Jésus Ressuscité, ni Marie ni Cléophas et son compagnon ne
peuvent rester sur place, ils courent vite le raconter aux autres disciples.
Frères et sœurs je vous invite à profiter des plages de temps libre que vous
aménagerez cette semaine dans vos agendas pour lire et relire les textes de la
résurrection. Posez-vous cette question : « Est-ce que j’y crois vraiment ? Est-ce que
Jésus est pour moi une personne vivante, réelle, proche bien qu’invisible à mes yeux
de chair ? A quels signes je reconnais sa présence auprès de moi ? Y a-t-il eu dans
ma vie des événements qui me l’ont fait sentir présent ? »
Vous doutez encore comme Thomas ? Alors laissez-le vous rejoindre sur vos
routes quotidiennes. Venez et touchez-le comme Thomas, touchez son corps
ressuscité en venant à la messe régulièrement. En disant « Amen » en le recevant à
la communion dites intérieurement comme Thomas « Mon Seigneur et Mon Dieu »
Et puis lisez l’Evangile, c’est la Parole de Dieu et demandez-lui de vous expliquer les
Ecritures comme il l’a fait pour les disciples d’Emmaüs.
Et surtout demandez-vous sincèrement : « Est-ce qu’un jour j’ai dit à Jésus
« je t’aime » avec autant de tendresse que je l’ai dit la première fois à celle ou celui
que mon cœur a élu ? »
Pour conclure permettez-moi une petite histoire très personnelle. Il y environ
une quarantaine d’années, j’étais assis auprès du tabernacle dans la chapelle des
Clarisses à Chamalières, et pendant mon action de grâce, j’ai soudainement réalisé
que je n’avais jamais dit à Jésus « je t’aime » L’homélie du Frère Capucin qui venait
de célébrer la messe avait certainement dû être ultra-performante ! Oh j’avais bien dit
comme tout le monde, superficiellement de temps en temps, comme on dit j’aime
comme tout le monde, j’aime les beaux couchers de soleil sur la mer…Mais Jésus
était encore pour moi dans l’ordre des idées, il fallait le faire descendre dans mon
cœur.
Chers amis, frères et sœurs, je souhaite que vous fassiez la même
expérience. Ouvrez la porte de votre cœur à Jésus, laissez-le prendre place et dites-
lui avec tendresse « Jésus je t’aime et je veux t’aimer davantage. Je veux te faire
connaître à ceux que tu mets sur mon chemin et les inviter à la joie de croire. »
Amen