Ce petit extrait de la première lettre de saint Jean que nous venons d’écouter avec attention -j’espère- est un petit morceau choisi ! Nous devrions tous le lire et le relire, le méditer, le laisser imprégner toutes les fibres de notre âme ! Il nous résume en quelques phrases l’essentiel de la foi chrétienne. « Dieu, personne ne l’a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous et en nous son amour atteint la perfection ». Tout est dit ! En méditant ce passage de la lettre de Saint Jean, je pense à chaque fois à mon père ! Il n’était pas allé au catéchisme, n’avait pas fait sa première communion et donc ne pouvait pas se marier à l’église…Comme il tenait à ma mère, il a accepté les rudiments de la foi chrétienne pour recevoir le sacrement de mariage en même temps que sa première communion. Il n’en est pas pour autant devenu un fervent pratiquant. Il n’a pas usé ses fonds de culote sur les bancs de l’église. Mais il avait retenu une phrase de la parole de Dieu que le curé de la paroisse lui avait enseignée, c’est précisément celle que je vous invite à garder bien vivante dans la mémoire de votre cœur ! « Dieu, personne ne l’a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous et en nous son amour atteint la perfection ».
Voyez-vous, cela me semble signifier de manière évidente qu’en se laissant toucher par la Parole de Dieu on découvre que « Dieu est amour », qu’il est miséricorde et tendresse puisqu’il est Père. Il ne veut pour nous qu’un bonheur durable et non éphémère, éternel et non périssable, sans date de péremption, non jetable, non biodégradable comme tous ces petits bonheurs proposés par la société de consommation.
Dans l’Evangile de ce jour, au chapitre 17, le même saint Jean nous rapporte la prière de Jésus qui dit au Père : « Je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde…ta Parole est vérité ».
Cela m’incite à vous rapporter deux petites rencontres dans cette église Saint Louis de Chambord pendant le pont de l’Ascension. La première rencontre est ici à l’ambon qui présente le livre ouvert de la Parole de Dieu. Je demande à une dame accompagnée de son mari, du moins je le suppose, si elle est intéressée par ce qu’elle est en train de lire : « Oui, c’est très d’actualité et cela m’intéresse. Qui a écrit cela ? » Il s’agissait de la lettre de Saint Jean, l’extrait que nous avons lu à la messe du 6ème dimanche Pâques. J’ai répondu à ses questions pendant un petit quart d’heure sans me lancer dans une longue catéchèse. Je pense que cette femme, la cinquantaine doit faire partie de la génération des enfants des baby boomer de 1968. Des héritiers en ligne directe des anarchistes que Léo Ferré a si bien incarné dans une de ses chansons : « Ni dieu ni maître » Nous avons – je dis « nous » ma génération soixante-huitarde – voulu éliminé Dieu comme le souhaitent tous les révolutionnaires, comme voulait le faire il y a quelques années un ministre de l’éducation nationale qui prétendait achevé la révolution française et comme certains l’espèrent encore aujourd’hui.
Le second petit fait m’a été rapporté hier soir, au moment où j’allais fermer l’église, par une dame et sa fille. Elles venaient de visiter le château. Elles ont été interloquées par une question d’un enfant de quatre ou cinq ans. Il regardait le crucifix dans la chambre du roi et demande à sa mère : « Pourquoi le monsieur on l’a cloué là ? » La maman a répondu « C’est Jésus mais je ne sais pas pourquoi on l’a cloué »
Frères et sœurs, chaque jour quand je viens ouvrir l’église je demande à l’Esprit Saint que, tout comme vous, j’ai reçu le jour de mon baptême, d’être avec moi et en moi pour dire à ces milliers de touristes qui passent ( 1500, le jour de l’Ascension, 1480 le lendemain et presque autant les jours suivants…) que la « « Parole de Dieu est vérité. » Il ne nous appartient pas de convaincre, mais d’annoncer la Parole de Dieu. Cela n’est pas réservé au seul curé ou au diacre, nous avons tous, nous qui sommes ici ce matin la mission, le devoir d’être présence vivante de cette Bonne Nouvelle pour le monde d’aujourd’hui « Dieu est Vérité, Il est Amour, Il est Miséricorde ».