Dimanche dernier nous étions dans le pastoralisme avec la parabole des
brebis et du bon berger. Cette semaine, Jésus nous invite à apprendre à cultiver la
vigne en nous y impliquant.
La parabole du vin et de la vigne est très biblique puisque selon les
spécialistes on compte environ 400 occurrences s’y rattachant ! Si vous avez
quelque temps libre cette semaine essayez de parcourir votre Bible et repérez
quelques citations où on nous parle de la vigne ! Cela mérite bien que nous nous y
attardions quelques instants ! Je suis issu moi-même du côté de ma grand-mère
maternelle d’une famille de vignerons, tonneliers, dans la vallée du Cher depuis les
années 1590. J’ai possédé moi-même une vigne que j’ai, je le confesse, négligée et
finalement vendue ! J’étais un piètre vigneron. Ce qui ne m’empêche pas d’être
sensible à cette image biblique !
Jésus nous dit ce matin « Moi je suis la vraie vigne et mon Père est le
vigneron. Tout sarment qui est en moi, il le purifie, pour qu’il en porte davantage » En
clair, le vigneron doit, s’il veut obtenir une bonne récolte, tailler sa vigne pour qu’elle
donne du raisin au moment de la vendange.
Tailler la vigne est un art ancestral. On ne taille pas n’importe comment ni
n’importe quand. Il y a un apprentissage nécessaire pour respecter la manière de
procéder. La taille varie selon les cépages. Elle se fait entre le mois de novembre et
le mois de mars. Et les sarments coupés sont ensuite ramassés et brulés.
Lorsque j’étais enfant je me souviens que les sarments servaient à faire un
grand brasier que l’on appelait « brandon » en patois, sur lequel on mettait une sorte
de pantin symbolisant tous nos excès de l’année. C’était le mardi gras juste avant
l’entrée en carême le lendemain, mercredi des Cendres, marquant ainsi notre volonté
de conversion ! Chaque village avait ainsi son brasier autour duquel grands et petits
se réunissaient.
Ce n’est qu’une fois adulte que j’ai compris le sens de cette petite fête
villageoise. Dieu est le vigneron, celui qui prend soin de sa vigne, il la cultive avec
passion, avec tendresse, avec amour. Il ne veut pas que les sarments improductifs
nuisent aux autres et les empêchent de fructifier. Tous les sarments émondés sont

ainsi attachés au même cep, irrigués par la même sève. Les autres, ceux qui ont été
coupés sont inutiles et ne sont plus bon qu’à faire du feu.
Jésus poursuit en nous avertissant : « Celui qui demeure en moi et en qui je
demeure, celui-là donne beaucoup de fruit. » La tentation est grande à certaine
période de notre vie de prendre nos distances avec l’Eglise pour de multiples
raisons. Le comportement de certains prêtres, les décisions de l’Eglise, la liturgie et
bien d’autres motifs qui nous incitent à jeter l’éponge en disant plus ou moins
ouvertement « je ne m’y retrouve » plus !
Le Cep, le Christ sur lequel il est nécessaire d’être attaché pour porter du fruit
est inséparable de l’Eglise, et l’Eglise n’est pas simplement les institutions
ecclésiales avec lesquelles on a parfois le droit d’être contrarié pour ne pas dire
plus ! L’Eglise Corps du Christ, c’est nous là ce matin dans cette église de Chambord
que nous soyons pratiquants réguliers ou touristes de passage. L’Eglise est
indissociable de son Seigneur Jésus le Christ, mort pour elle et ressuscité pour que
nous ayons la vie en abondance
« Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est comme un sarment qu’on jette
dehors, et qui se dessèche » Mais je suis certain que tous autant que nous sommes,
nous ne voulons pas nous dessécher. Parfois la sève est freinée par le gel, les
intempéries, la grêle tant redoutée des vignerons. Mais quelques rayons de soleil,
une taille supplémentaire pour ôter les bourgeons abimés et la vigne repartira.
Ce matin, nous sommes tous invités à prendre soin de la vigne du Seigneur à
notre place en nous interrogeant sur notre manière de laisser couler en nous la sève
qui irriguera toute notre vie, mais aussi celle de l’Eglise à laquelle je vous invite à
rester bien fidèles.