La liturgie de Pâques va continuer à nous proposer de réfléchir sur la Vie Eternelle à laquelle nous sommes tous appelés. Elle nous fascine, mais en même temps elle nous inquiète car pour la découvrir il nous faut franchir des portes que l’on ne passe qu’une fois et toujours dans le même sens… Pour vivre éternellement avec Jésus qui se présente aujourd’hui comme le Bon Berger, il ne nous ait délivré « qu’un aller simple » !
Pour nous familiariser avec cette vie dans laquelle nous sommes déjà entrés dès notre conception et notre naissance en ce monde, Jésus utilise des mots simples que tous nous pouvons comprendre : Jésus se définit comme le Bon Pasteur.
« Je suis le bon berger, mes brebis me connaissent »
On a quelques difficultés aujourd’hui à parler de berger, de pasteur, de troupeau dans notre univers de plus en plus bétonné… même à la campagne ! Des brebis, des moutons, des agneaux, nous n’en voyons plus guère et ceux que l’on découvre ici à Chambord sont parqués dans des enclos sans personne pour les surveiller.
De temps à autre on en reparle encore un peu lorsque le loup, réintroduit en France il y a quelques années, ravage les troupeaux qui précisément ne sont plus surveillés par un bon berger accompagné de ses chiens.
Nous disons parfois à juste titre que les évêques et les prêtres sont les pasteurs de la paroisse. On parle d’ensemble pastoral, d’équipe d’animation pastorale, de conseil pastoral. Toutes ces appellations ont la même origine : Le berger, le pasteur…
Si le prêtre est appelé « père » c’est qu’il nous renvoie à l’unique Père de Jésus-Christ que nous prions avant la communion chaque dimanche tous ensemble. Le prêtre est indispensable à la vie de la communauté mais il n’est pas à lui seul la communauté ! Il n’est pas le patron ! A l’exemple du Christ Pasteur, il a été institué, ordonné pour tenir la place du Seigneur Jésus, seul et unique prêtre éternel. Le prêtre doit donner sa vie pour les brebis qui lui ont été confiées. Sa préoccupation première doit être pour celles qui sont faibles et fatiguées. Sa préoccupation première doit être pour celles qui se sont éloignées du troupeau.
Jésus le Pasteur, le Bon Berger a donné sa vie pour ses brebis. Il ne leur demande qu’une seule chose pour demeurer éternellement avec lui : accueillir avec joie sa Parole transmise par ceux qu’il a envoyés dans le monde pour continuer son œuvre, les évêques, les prêtres, les diacres. Mais les catéchistes, les acteurs de la vie de nos paroisses sont également les prolongements du bon pasteur.
Aujourd’hui peut-être plus qu’hier il est urgent d’écouter Dieu et de passer au crible de sa Parole les événements de notre monde déboussolé. Savoir écouter est le signe d’un amour authentique. Demandons « un cœur qui écoute » comme nous y invite la Règle de Saint Benoit. L’amour qui ouvre le cœur et le rend prêt à recevoir toutes les richesses de vie offertes par le Seigneur notre Dieu. En ce dimanche de prière pour les vocations, sachons plonger dans notre cœur pour y redécouvrir l’appel que nous adresse le « Bon Pasteur ».
Il ne s’agit pas seulement d’entendre la Parole. Il faut encore la laisser transformer nos vies. Il s’agit de suivre Jésus, de mettre nos pas dans les siens, de nous attacher de tout notre être à Celui qui nous aime et que nous voulons aimer.
La vie éternelle, c’est le don de Dieu à ceux et celles qui malgré leurs multiples faiblesses, malgré leurs nombreuses chutes, restent fidèles à la Parole. Depuis l’enfance pour la plupart nous entendons l’Evangile, nous participons à la vie de l’Eglise, mais nous risquons de nous habituer, de ne plus être surpris par des textes familiers et de laisser glisser sur la surface de notre âme l’appel de Dieu. Aujourd’hui encore Il nous fait signe, il nous invite à le suivre.
Frères et sœurs nous sommes dans la main de Dieu. Une main paternelle et tendre qui essuie toute larme de nos yeux. Une main protectrice : jamais nous ne périrons, nous ne souffrirons plus de la faim, de la soif, de la douleur. Une main forte, puisque le Père est plus grand que tout. Personne ne peut nous arracher à sa main. Quelle formidable espérance !
Quand ce sera notre heure, Jésus le Bon Pasteur nous introduira dans l’enclos, c’est-à-dire dans le cœur du Père, dans son intimité. Quand bien même on détruirait notre corps, rien ni personne ne peut nous soustraire à l’Amour du Père. Car de cet amour surgit la source vive, la communion parfaite du Père et du Fils : « le Père et moi, nous sommes UN ».
Jean, le contemplatif, nous affirme que nous verrons Dieu tel qu’il est. Et notre Pasteur nous conduira au Père, source de toute vie pour que nous soyons semblables à Lui. Déjà il nous offre l’avant-goût de cette communion en nous partageant son Pain et son Vin de Vie éternelle.