« Mais qu’est-ce que j’ai fait au Bon-Dieu pour qu’il m’arrive une chose pareille ! » ou encore, « C’est bien fait le Bon-Dieu t’a puni » « S’il y avait un Bon-Dieu une telle catastrophe ne serait pas arrivée … » Vous avez déjà entendu de nombreuses fois ce genre de réflexion et d’autres semblables peut-être les avez-vous employées vous-même !

            Cela nous amène à nous poser la question : mais qui donc est Dieu ? Un père fouettard, embusqué pour épier nos moindres faux pas et les sanctionner ? Si c’est  à ce dieu que certains croient, ce n’est pas le mien, ce n’est pas le Dieu des chrétiens, le Dieu de notre Credo. Mais qui donc est Dieu ?

            Cette question est pertinente. La liturgie elle-même nous invite à nous poser réellement cette bonne question. « Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi… qui donc est Dieu ? L’Amour est-il son nom et son visage ? Qui est Dieu qui fait de nous ses fils à son image. » Si vous êtes accro.   à votre portable,  n’hésitez pas à faire un tour sur YouTube. Écoutez cette hymne de prière du Temps Présent. Priez avec !

            Oui, qui donc est ce Dieu qui laisse l’homme libre de faire le mal comme par exemple ce sanguinaire de Pilate que Jésus cite dans l’Evangile de ce jour. Il a fait massacrer des Galiléens. Il n’y a pas de traces dans les récits historiques concernant ce « fait divers » comme il s’en passait bien d’autres du même genre à l’époque. Tout ce que l’historien Flavius Joseph nous dit sur Pilate c’est qu’il était né à Lyon, qu’il fut procurateur de Judée sous le règne de l’Empereur Tibère et que Caligula l’a exilé en Gaule il est revenu à Rome où il mourut vers l’an 39.

            Qu’attendez les interlocuteurs de Jésus en lui parlant de cet exemple ou encore des victimes de la tour de Siloé ? Très certainement le piéger pour pouvoir l’accuser ? Il voulait lui faire reconnaître la culpabilité des victimes ou bien la cruauté de Rome, ou la brutalité de Pilate ou encore le coup de main d’un groupe séditieux dont faisait peut-être partie un certain Barrabas.

            Jésus va les ramener à leurs chères études de la Loi et des prophètes en les obligeant à reconnaître que ce Dieu qu’ils prétendent servir est un Dieu Saint dont ne s’approche qu’en ôtant ses sandales, comme Moïse devant le buisson ardent.

            Oui ce Dieu qui s’est lié à notre humanité en Jésus le Christ en lui donnant ainsi le seul visage vraiment humain qui n’est jamais existé sur terre, est un Dieu « amoureux » de l’homme. C’est un Dieu qui ne veut pas la mort du pécheur mais qu’il se convertisse.

            Dans ma vie professionnelle antérieure, à la direction de la formation de la Police nationale, j’avais initié un groupe d’une petite dizaine de policiers chrétiens. Nous nous réunissions une fois par mois pour réfléchir et prier autour d’un texte de la Parole de Dieu et nous choisissions une phrase du passage en question que nous devions ruminer pendant le mois suivant pour alimenter notre vie spirituelle et guider nos actes. La phrase choisie un jour par le groupe fut précisément « Ôte tes sandales car le lieu que tu foules est saint » L’inspecteur divisionnaire qui avait demandé que l’on retienne cette phrase a expliqué très clairement que si Dieu habite le fond de notre cœur, il ne fait pas de différence entre les hommes et les femmes. Qu’il ne nous classe pas en fonction de nos diplômes, de nos grades, de notre statut social. Et il nous a posé cette question : « Quand nous partons le soir, est-ce que nous regardons les femmes de ménages, souvent étrangères, qui viennent faire nos bureaux et vider nos poubelles ? Dieu habite leur cœur tout comme le nôtre. Ne devrions-nous pas ôter ces sandales qui nous empêchent d’aller à leur rencontre ? »

            Pour nous approcher de Dieu et commencer à découvrir son visage, il faut « ôter »

 Nous sommes donc invités ce matin ici à Chambord dans cette église saint Louis que nous affectionnons tous à nous convertir. Nous sommes invités à « ôter » nos sandales qui parfois ont des semelles de plomb. Elles nous paralysent et nous bloquent sur place. Commençons d’abord par bien identifier les lanières de nos propres sandales. Elles collent à nos pieds, nous avons chacun les nôtres, elles s’appellent préjugés, suspicions, rejet de l’autre, de celui qui est différent, de celui qui ne pensent pas comme nous. Elles s’appellent refus de dialogue, refus de pardon, fermeture sursoi-même. Nous avons chacun nos propres sandales. Chacun identifiera ses blocages, ses manques d’espérance, ses manques de foi, ses manques de charité.

 Bref chacun est invité durant ce Carême à convertir son regard, sur les hommes et les femmes qui lui sont proches, mais aussi sur les événements, sur les faits divers ou les faits de société, sur l’Eglise. Convertissons-nous et croyons à l’Evangile et disons à Dieu : « Ô Toi l’au-delà de tout, quel esprit peut te saisir…Seul, tu es inconnaissable »