26 octobre 2025 – Bracieux

            Ben Sira, c’est un Sage. ! Il vit à Jérusalem et enseigne à la manière des grecs qui ont conquis le pays. Mais c’est un Juif fidèle à la foi de ses pères. Il tente de ramener ses concitoyens à l’essentiel de leur foi. Certains juifs en effet avaient certainement pu se laisser contaminer par les courants philosophiques des sages grecs. Le Dieu d’Israël n’est pas le Dieu des philosophes mais le Dieu qui entend ceux qui, avec patience et insistance, crient vers lui.

            Ben Sira leur rappelle très clairement que Dieu ne juge pas sur la bonne mine. Il ne juge pas sur les apparences. Dieu regarde le cœur de l’homme. Il sait ce qu’il y a au fond de l’homme. Il leur rappelle que le Seigneur Dieu de l’Univers qui fit les cieux avec sagesse, écoute la prière du pauvre, il l’entend et son cœur de Père ne reste pas insensible au cri de celui qui se tourne inlassablement vers lui pour présenter sa détresse.

            L’opprimé, le pauvre, la veuve, l’orphelin, quatre catégories sociales citées par Ben Sira dans cette première lecture.  Hélas, elles n’ont pas disparu de la surface du globe… Ben Sira le Sage rappelle aux juifs que Dieu entend leurs appels lorsqu’il l’implore. Rappelez-vous, Jésus dans l’Évangile de dimanche dernier nous donnait la parabole de la veuve et du juge corrompu. Il nous signifiait que Dieu Notre Père n’est pas sourd à nos cris de détresse.

Et nous, ne nous arrive-t ’il pas souvent de juger sur les apparences ? Sommes-nous suffisamment attentifs à la situation des opprimés ? Si les temps ont changé depuis l’époque de Ben Sira, il n’en demeure pas moins qu’il y a toujours des pauvres délaissés par tous nos services sociaux. Avons-nous de la compassion pour eux ? Est-ce que nous en connaissons et si oui que faisons-nous pour leur venir en aide matériellement, moralement, spirituellement ?

« En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être des justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la Parabole que voici… »  Il y a deux groupes de mots qu’il ne faut pas négliger dans l’évangile. Nous les entendons presque systématiquement chaque dimanche, c’est bien pourquoi il nous faut de temps à autre signaler leur importance pour une bonne compréhension de la Parole. « En ce temps-là » c’est-à-dire il y a deux milles ans !

Nous devons donc contextualiser ce que nous entendons. Jésus n’a pas de radio, encore moins de télévision ou de smartphone, il n’a pas non plus de vidéo projecteur pour expliquer avec schémas, croquis, films pédagogiques ce qu’il veut faire comprendre à ses auditeurs. Il utilise des paraboles. Ces petites histoires qui vous sont familières, à vous qui participez régulièrement à la messe. Elles ont pour but d’aider l’auditoire à retenir l’enseignement donné. Et l’enseignement de ce dimanche est celui-ci : il ne faut pas se fier aux apparences ! C’est le titre d’un film d’après-guerre avec Humphrey Bogart dont je me suis beaucoup servi pour la formation des formateurs de policiers ! Il ne faut pas bomber le torse en disant à la cantonade je suis le plus beau, le plus fort, le plus intelligent, le plus doué. Je suis certain de ce que je dis parce que c’est ma conviction et que je sais ce que je vois ! Je sais bien que la société nous oblige à adopter ces attitudes mais elles sont antiévangéliques !

Donc n’en déduisons pas trop rapidement que tous les pharisiens sont sur le modèle de celui que Jésus met en scène dans cette parabole et que tous les publicains ont le même profil que celui qui nous est présenté ce matin.

Le contraste entre les deux personnages est volontairement saillant. Ce sont les deux attitudes qu’il faut retenir et les transposer à notre époque, à notre communauté humaine, ecclésiale. 

Vous avez certainement entendu comme moi le reproche fait aux chrétiens, aux catholiques en particulier. « Ce n’est pas la peine d’aller tous les dimanches à la messe pour sitôt sorti dire du mal de son voisin, refuser de partager avec les plus démunis, les plus pauvres » Et la liste des griefs contre nous s’allonge presque à l’infini !

Si certains sont malveillants et quasi diffamatoires, d’autres hélas nous renvoient à notre manière de témoigner de notre baptême et de la foi qui nous fait vivre. Notre foi doit être contagieuse. Ce n’est pas nous qui convertirons le monde, mais l’Esprit Saint si nous le laissons demeurer en nous, si nous le laissons faire.

Alors bon courage pour essayer de tirer profit de l’enseignement de Ben Sira et de celui de Jésus ce dimanche. Et essayons avec courage et ténacité de les mettre en œuvre dans notre vie.