Nous fêtons ce dimanche la dédicace de notre église royale saint Louis de Chambord. Elle fait partie de ces nombreuses églises dont on ne connait pas la date de consécration et que l’on célèbre ce dimanche.
Le terme dédicace en effet vient du latin « dedicatio-dédicationis » qui signifie consécration. Alors pourquoi solenniser la dédicace d’un monument de pierres ? Tout simplement si je puis dire, parce que ce bâtiment dans lequel vous venez pour prier est réservé au culte divin ! Ce n’est pas un simple monument chargé de plusieurs siècles d’Histoire situé à quelques mètres d’un des châteaux les plus prestigieux et les plus visités de France. On peut dire sans risque d’être contredit que le monde entier défile dans cette toute petite église de Chambord. Pourquoi après la visite du château, vient-on visiter « gratuitement » cette église ?
C’est un monument historique ? Oui certes ! Mais c’est avant tout un édifice de pierres qui est habité par « La Présence »de Jésus hostie dans le tabernacle. La veilleuse rouge allumée sur l’autel près du Tabernacle le signifie. ! Alors ce bâtiment n’est pas comme les autres. Notre comportement à l’intérieur doit refléter notre respect pour Celui qui nous y attend, nous accueille, nous regarde, nous entend. C’est pour cela qu’il est consacré.
Il nous faut, les uns et les autres et moi le premier, retrouver l’attitude juste qui montre à ceux qui nous voient dans l’église que nous sommes ici pour prier, célébrer, adorer. J’allais ajouter « pas pour discuter ! »
C’est un espace de silence. Un silence habité par une présence. Pas un silence vide, angoissant qui incite à fuir. Non, un silence qui invite à s’asseoir, à profiter de quelques minutes pour mettre de la distance avec le brouhaha de l’extérieur, l’agitation du dehors. Retrouver ici notre intériorité.
Cette maison de prière, maison de Dieu, maison consacrée ne devrait-elle pas refléter notre cœur où Dieu est invité, attendu, accueilli. Il y est chez lui. « Voici, je me tiens à la porte, et je frappe : si quelqu’un entend ma voix, et m’ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi. » (Apo. 3-20)
Ne dit-on pas que l’Église est construite avec les « pierres vivantes » que nous sommes les uns et les autres. Pierres parfois, mal taillées, pierres effritées, taguées, usées mais pierres indispensables.
Mes chers amis, prenons exemple sur ce Rabbi peu ordinaire nommé Jésus de Nazareth qui un jour a chassé les marchands du Temple à coups de fouet en voulant lui redonner sa fonction première : être une maison de prière. La demeure de Dieu parmi les hommes ! « Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père » » Luc, 2,49) Jésus est venu nous dire que l’église de pierres dans laquelle nous sommes ce matin devrait être le reflet de ce que nous voulons renvoyer au monde qui y défile ! Mais attention, maison de prière où la Bonne Nouvelle de l’Evangile est annoncée, ne signifie pas que l’église doit être corsetée dans des normes, des règles, des codes, des prescriptions qui nous empêchent de nous y sentir joyeux en paix, en liberté.
Prenons un exemple, je ne vois nulle part dans l’Evangile, lorsque Jésus institue l’Eucharistie, qu’il dit une parole d’autorité qui nous invite à statuer sur la place des hommes, de celle des femmes. Il ne dit pas non plus la longueur des aubes à dentelles, la forme des chasubles ou encore le nombre de cierges que l’on doit mettre sur l’autel. Et je vous épargne mille autres petits détails qui dans certaines paroisses prennent des importances démesurées !
Par contre dans l’Evangile de Saint Jean au chapitre 13 je vois juste qu’avant de dire sur le pain « Ceci est mon Corps, sur le vin ceci est mon Sang », Jésus a enlevé son vêtement, il a lavé les pieds de ses disciples et il nous demande de faire comme lui. « Comprenez-vous ce que je viens de faire ? … C’est un exemple que je vous ai donné, faites-le-vous aussi » Alors obéissons-lui, faisons de même.
On s’étonne que nos églises se vident et nous sommes prêts à accuser les autres d’en être responsables. « Si l’Eglise est dans cette état c’est votre faute et aux prêtres de ta génération…m’a dit un jour un jeune prêtre ! » incriminant nos manières de célébrer depuis le Concile Vatican II. C’est sûr qu’il y a eu des initiatives malheureuses mais c’est trop facile de rejeter la faute sur les autres sans faire son propre examen de conscience. Se sont toutes ces querelles liturgiques stériles, résultat de nos manques d’amour fraternel qui ont peut-être aussi contribué à faire fuir nombre de pratiquants « sociologiques » N’y contribuons pas