Certains chrétiens s’étonnent parce que l’on parle trop de la Miséricorde divine ! Il est vrai qu’on en parle plus aujourd’hui qu’hier. L’initiative en revient très certainement à deux Polonais. Le Pape Jean-Paul II. Le Pape le plus populaire du 20ème siècle a fait de la Miséricorde divine, une fête célébrée dans l’Eglise catholique le 2ème dimanche de Pâques.

 Qu’y-a-t-il de choquant je vous le demande à célébrer la Miséricorde de Dieu ? C’est tout de même bien par Miséricorde pour le genre humain que Dieu, en la personne de Jésus, s’est incarné un jour du temps. C’est bien par Miséricorde pour chacun et chacune de nous, que Jésus a vécu une vie d’homme semblable à la nôtre sans refuser les souffrances, la trahison de ses amis et la mort la plus ignominieuse qui soit. Et c’est par Miséricorde qu’il est ressuscité, sorti vivant du tombeau (des entrailles de la terre) pour nous entrainer à sa suite dans la gloire de son Père.

Quand on y réfléchit quelques instants… c’est inimaginable pour un esprit cartésien d’admettre que quelqu’un à qui vous ne cesser de tourner le dos, quand on ne lui fait pas pire, vous poursuive de sa tendresse et vous supplie d’accepter qu’Il vous pardonne ! C’est cela, la Miséricorde de notre Dieu.

Oui cela valait bien une fête spécifique. Et tout naturellement elle a bien sa place dans le prolongement de la fête de Pâques que nous avons célébré dimanche dernier.

            Jean Paul II en l’an 2000 venait de canoniser sa compatriote, sœur Faustine. Cette discrète mystique polonaise, est le véritable apôtre de la Miséricorde Divine. Elle compte aujourd’hui à l’égale de Sainte Thérèse parmi les Saints contemporains les plus célèbres de l’Église. Par son intermédiaire, le Seigneur Jésus transmet au monde entier Son grand message de la Miséricorde Divine et montre un modèle de perfection chrétienne fondée sur la confiance en Dieu et sur une attitude miséricordieuse envers le prochain. Sœur Marie Faustine est morte à Cracovie le 5 octobre 1938, âgée à peine de 33 ans. La sainteté de sa vie a crû rapidement avec la propagation de la dévotion pour la Miséricorde Divine et au fur et à mesure des grâces obtenues par son intercession. De 1965 à 1967, à Cracovie s’est déroulé le procès diocésain sur sa vie et ses vertus et en 1968, à Rome, a été ouvert le procès de béatification, clos en décembre 1992. Le 18 avril 1993, sur la Place Saint-Pierre de Rome, Jean Paul II l’a béatifiée.  Le 30 avril 2000 en pleine année jubilaire il l’a canonisée.

 Jean Paul II, personnalité incontestablement médiatique, n’a en réalité fait qu’obéir à la Parole de Dieu.  Dans le Livre de Michée au chapitre 6 verset 8 on lit en effet :

 « On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien ; Et ce que l’Eternel demande de toi, C’est que tu pratiques la justice, Que tu aimes la miséricorde, Et que tu marches humblement avec ton Dieu. »

Le Pape n’a fait que mettre en application une recommandation biblique bien connue de ceux et celles qui prie avec la liturgie des Heures. En effet, nous redisons ce texte au bréviaire le samedi de la 3ème semaine à l’office du milieu du jour. Chaque chrétien devrait inscrire ce verset du Prophète Michée en lettres d’or et le mettre bien en évidence dans sa maison pour ne pas oublier de le vivre. Le lire c’est facile, le prêcher passe encore, mais le vivre au jour le jour c’est parfois une histoire laborieuse.

        C’est ce texte que j’ai mis sur mon faire-part d’ordination presbytérale.  Il me semble que c’est ce qui doit caractériser la vie d’un disciple du Christ, surtout lorsqu’il devient prêtre. Si je ne le vis pas vous avez le droit de me le faire remarquer pour que je me convertisse !

Mais que signifie exactement le mot « miséricorde » ? Faisons trente seconde de philologie. Parfois c’est utile pour comprendre toute la portée théologique d’une vérité de notre foi. En latin « misereo » : avoir pitié et cordis » : cœur. Mais en hébreux le terme miséricorde se dit « Raha-mim » – la racine de ce terme est « rechem » signifiant : utérus. La miséricorde est donc le lieu de la compassion et de l’amour de l’enfant à naître. Avoir de la miséricorde comme Dieu en a pour nous c’est en quelque sorte donner tout l’amour dont nous sommes capables pour permettre l’éclosion et l’épanouissement de la vie. Dieu est Père certes mais c’est un Père avec des entrailles de Mère. Dieu nous porte dans son sein comme une femme porte son enfant au-dedans d’elle pour donner la vie. C’est cela la miséricorde.

C’est bien ce qu’avait compris la toute nouvelle communauté chrétienne naissante. Dans les premiers jours de l’Eglise nous dit le livre des Actes des Apôtres que nous venons de lire en première lecture, après la résurrection du Seigneur Jésus, les frères étaient fidèles à écouter l’enseignement des Apôtres, à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à participer aux prières. Il y a des textes de la Bible que nous devrions avoir en mémoire comme des numéros de téléphone indispensables.

Pour être Miséricordieux, il n’y a rien de plus à faire … Ecouter la Parole de Dieu, transmise et commentée par l’Eglise. Vivre en communion fraternelle. Là c’est tout un programme ; c’est plus facile à dire qu’à vivre. Dans nos églises locales nous donnons parfois plus l’image de frères qui se chamaillent que de frères et sœurs qui s’aiment, se le manifestent par des gestes attentionnés et le donnent à voir. Rompre le pain, entendons participer activement et régulièrement à l’Eucharistie dominicale.  Prier ensemble chaque fois que cela est possible.

Prions donc pour que nous sachions nous aider les uns les autres à devenir des apôtres de la Miséricorde divine.

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