« Le Fils de l’homme, lorsqu’il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

Est-ce que cette question de Jésus posée ce matin à la fin de l’Évangile nous empêche de dormir ? Nous sommes aujourd’hui dans la semaine missionnaire alors cette question devrait nous tarauder !

Je me souviens d’une session de formation biblique à Namur, il y a une quarantaine d’années.  Le Père Jacques Loew, un dominicain, l’un des maitres spirituels du XXème siècle qui animait cette formation m’a interpellé : « Etienne « Le Fils de l’homme lorsqu’il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Est-ce que cette question de Jésus t’obsède au point de t’empêcher de dormir ? »

Euh ! j’avoue que je suis resté interloqué. Non je n’avais pas trop réfléchi sur ce passage de l’Évangile que nous venons d’entendre, de réentendre, d’écouter ce matin pour la énième fois.

Eh bien, cette même question, je vous la pose : est-ce que l’interpellation de Jésus à ses Apôtres vous touche personnellement ? Est-ce que vous vous sentez concernés au point d’avoir des insomnies ?  Oui je sais je suis un tantinet provocateur, mais j’essaye d’imiter Celui qui m’a invité à le suivre, non sur les chemins de Palestine, mais ici, dans ce diocèse de Blois pour annoncer la Bonne Nouvelle de l’Évangile.

Vous remarquerez que la question de Jésus ne concerne pas les moyens à mettre en œuvre pour élaborer de superbes plans pastoraux, mais la Foi.

Cela concerne la foi, ma foi, ta foi, notre foi. Le même Jacques Loew cité plus haut, lors d’une autre rencontre nous disait : « Vous vous saluez le matin en vous disant machinalement « comment ça va ? ou bien, as-tu bien dormi ? » Est-ce que ce serait incongru pour un chrétien de demander : « Comment va ta foi ? » 

Oui comment va ta foi, et est-ce que tu mets tout en œuvre pour qu’elle ne s’éteigne pas ? En prendrons-nous les moyens, par exemple en priant matin et soir ?  Jésus, le Fils de Dieu, est mort et ressuscité pour nous, cela devrait nous remuer jusqu’aux tripes si vous me permettez cette expression triviale. Est-ce que nous prions avec insistance pour que cette foi devienne contagieuse au point d’embraser ce diocèse de Blois ?

Car en fin de compte, ce n’est ni sur nos propres forces humaines, ni sur nos exposés théologiques, si brillants soient-ils et par ailleurs indispensables, que nous propagerons la Foi en Jésus Christ mort et ressuscité.

C’est en laissant l’Esprit Saint agir à travers nous.  Pour cela il faut prendre exemple sur Moïse confronté à la traîtrise des Amalécites. Ce sont des adversaires redoutables qui combattent les Israélites en les attaquant par derrière. Moïse armé de son seul bâton monte sur la colline. Vous remarquerez que le bâton tient une place centrale dans ce récit, comme dans d’autres d’ailleurs où Moïse doit demander à Dieu d’intervenir pour éviter l’anéantissement total de son Peuple.

Ce bâton n’est pas magique… Il symbolise simplement que c’est Dieu qui agit mais il faut, avec insistance, le lui demander. Tandis que Moïse a les bras levés, Josué qui combat dans la plaine est victorieux. Lorsque Moïse flanche c’est Amalek qui prend le dessus. Alors il faut aider Moïse à na pas relâcher ses efforts et le soutenir en l’aidant à ne pas baisser la garde.

Qu’est-ce que cela nous enseigne ? Plusieurs choses très concrètes à mettre en application dans notre vie chrétienne. D’abord ne pas opposer contemplation et action. Ni dans nos vies, ni dans la vie de l’Église. Il faut être à la fois Josué qui combat dans la plaine et Moïse en prière sur la colline. Comme dans l’Évangile il ne faut pas opposer Marthe et Marie comme on a tendance à le faire trop souvent. Face au manque de prêtres pour couvrir les besoins des paroisses, on entend de temps à autre que nous devrions sortir de leur monastère les moines qui seraient plus utiles pour célébrer les messes du dimanche et répondre aux besoins des gens ! Vous remarquerez avec moi que les monastères aussi à bas bruit se vident et que certains même disparaissent.

La prière individuelle est certes utile, nécessaire, indispensable c’est la respiration de notre âme. Mais il est impossible de faire l’économie de la prière de l’Église, de la prière communautaire.

Dieu ne peut agir que lorsque prière et action sont réunies.  C’est Lui et Lui seul qui réalise les miracles que nous demandons. C’est le symbolisme de ce bâton qui ouvrit la Mer rouge en deux parts, c’est lui qui donna de l’eau dans le désert quand Moïse frappa le Rocher à Massa et Meriba. Et bien avant, chez pharaon, pour le convaincre de laisser les Hébreux quitter le territoire d’Egypte !