Il m’arrive parfois en faisant une » lectio Divina » d’avoir des réminiscences de mes humanités ! Ce matin c’est le cas avec l’histoire de Naaman le Syrien…mais il faut lire toute l’histoire de Naaman pour faire ce rapprochement avec une fable d’Ésope « La Colombe et la fourmi, reprise par Jean de La Fontaine dans le Rat et le Lion dont la morale est :« On a souvent besoin d’un plus petit que soi» C’est cette morale qui correspond à Naaman guéri de la lèpre par l’intermédiaire du prophète Élisée. Nous n’avons entendu ce matin qu’un petit extrait de ce récit du livre des Rois que vous connaissez certainement déjà, mais que je résume pour le rendre plus compréhensible.
Naaman est un personnage important, c’est un général, un Syrien, donc un ennemi du peuple d’Israël. Il a dû déjà faire la guerre au peuple de Dieu et il a une petite esclave Samaritaine, très certainement emmenée lors d’une victoire remportée sur Israël.
La maladie n’épargne personne, Naaman est atteint par la lèpre. Maladie qui, en plus d’être contagieuse, est considérée comme la preuve que le lépreux est un pécheur… autrement dit Naaman a tout pour plaire aux Israélites !
Et voilà que sur l’insistance de son esclave juive et de sa femme, il se décide à venir trouver ce petit prophète de Samarie. Mais en bon diplomate, il prend ses précautions en demandant à son Souverain une lettre de recommandation adressée au Roi d’Israël. Ce dernier y voit une provocation.
Bref, les renseignements généraux de l’époque fonctionnent bien puisque Élisée est tout de même informé. Il demande que l’on fasse venir ce Naaman chez lui qui, sans attendre, s’y précipite espérant un miracle spectaculaire.
J’abrège l’histoire que je vous invite à aller lire ou relire dans vos Bible au 2ème livre des Rois. Ce qui est important et riche d’enseignements pour nous aujourd’hui c’est que, tout d’abord en rechignant, Naaman finit par obéir au prophète qui lui demande d’aller se plonger sept fois dans le Jourdain. Au bout du septième bain il est guéri !
Alors je vous le demande, « Est-ce l’eau du Jourdain qui l’a guéri ? » Non, certes. C’est son obéissance à un ordre jugé au départ ridicule. Et en fin de compte grâce à la foi dans la parole du prophète. Retenons bien ceci obéissance et foi. Je le dis au risque de me répéter de dimanche en dimanche l’obéissance éclairée, c’est la clé de voûte de la croissance spirituelle du chrétien qui a compris que ce n’est pas de la servilité, mais l’écoute attentive de ce que Dieu me demande par une médiation humaine. Donc « Foi et Obéissance » ouvre la porte à l’humainement impossible !
Ceux d’entre vous qui connaissent l’histoire de Bernadette Soubirous se souviennent peut-être de sa réplique à une sœur du couvent de Nevers qui lui demandait combien il fallait boire d’eau de Lourdes pour être guérie. « Une seule goutte compte répliqua Bernadette, seule la foi suffit ! »
On peut mettre en parallèle le récit de Naaman le Syrien avec l’Évangile de ce dimanche qui met en scène dix lépreux. Les lépreux ont entendu parler de Jésus. Ce qui les intéressent au premier chef ce n’est pas son enseignement mais bel et bien les miracles qu’il opère et même la lèpre réputée inguérissable à cette époque. Comme ils savent qu’il ne refuse pas de guérir ceux qui crient leur détresse, leur misère, ils ont une chance d’être exaucés.
Comme pour Naaman que le prophète Élisée n’a même pas daigné venir saluer, il s’est contenté de donner ses ordres par l’intermédiaire d’un serviteur, Jésus reste à bonne distance et donne un ordre clair qui se réfère à la loi. :« Allez vous montrer aux prêtres »
Est-ce les prêtres qui vont les guérir ? Non certes, car si tel était le cas cela se saurait ! La lèpre serait depuis longtemps disparue…Que pouvaient faire les prêtres si ce n’est constater qu’ils sont lépreux et qu’ils doivent se tenir à l’écart de la communauté.
Ce qui est remarquable dans ce récit et qui est une nourriture consistante pour notre vie de foi, notre vie spirituelle aujourd’hui, c’est l’attitude du seul qui a été guéri, en tous les cas le seul qui est revenu rendre grâce, dire merci. C’est un Samaritain, un étranger qui n’est pas un grand ami des Juifs. Vous pouvez transposer avec aujourd’hui et trouver des correspondances dans l’actualité brûlante qui ensanglante la Terre où le Christ est venu vivre et donner sa vie pour nous sauver tous ! Le Samaritain a obéi à l’ordre de Jésus, il a eu foi dans la Parole de celui qui est le Verbe de Dieu. Il est guéri de la lèpre bien sûr mais il est guéri totalement, physiquement, psychiquement, spirituellement.
Je vous pose et je me pose donc la question, est-ce que nous croyons à l’efficacité de la Parole de Dieu ?
Comment croyez-vous que Dieu nous parle aujourd’hui ? À travers les événements de notre vie qu’il nous faut apprendre à discerner, à relire sous le regard de Dieu avec l’aide de l’Esprit Saint. Et en lisant et relisant la Parole de Dieu qu’il nous faut étudier, méditer, prier en rendant grâce comme le lépreux guéri de sa lèpre et de son péché.