« Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent »

Eh bien, ce matin, essayons de ressembler aux enfants qui venaient voir, entourer et écouter Jésus. Peut-être d’ailleurs un peu bruyamment mais certainement joyeusement ! C’est pour cela que les apôtres veulent les éloigner.

De quoi parle Jésus avec les grandes personnes, les sages et les savants, ceux qui savent et qui du haut de leur prétendue science religieuse n’ont qu’un souci en tête : piéger ce Rabbi anticonformiste qui ne tient pas le discours canonique circonvenu qu’ils ont l’habitude de débiter ! Ils parlent d’un article de la Loi dans le livre de l’Exode au chapitre 20, il s’agit d’une Loi sur l’adultère. Objectivement cela concerne la sexualité. Rien de nouveau aujourd’hui « sous le soleil de Satan », c’est toujours le nœud du problème !

Le décalogue a été repris par l’Eglise catholique, il porte le numéro 6, « Tu ne commettras pas d’adultères » Les pharisiensse placent du point de vue de la Loi, des normes, des prescriptions, des interdits. Jésus parle d’Amour ! Il le fait à sa manière. Lui il dit ce qu’a réalisé Dieu lors de la création de l’être humain ! C’est normal il y était …

A la question piège des pharisiens sur la Loi de Moïse dans les rapports homme-femme, Jésus répond par la création du couple « mâle et femelle » au terme de la création du monde.

Je vous invite à être curieux et à ouvrir votre Bible cette semaine.  Lisez les deux récits de la création de l’homme et de la femme dans le livre de la Genèse au chapitre 1 et 2. C’est là, précisément qu’il faut faire abstraction de toutes les idées préconçues et toutes faites, de toutes les idéologies dont nous sommes abreuvés pour redevenir une terre vierge.  Ecoutons ce que Jésus nous dit sur nos origines. Nos racines originelles. Bref redevenir comme des enfants non contaminés par des adultes omniscients. Soyons des enfants innocents qui ont soif d’apprendre de la bouche de Jésus.

Que nous dit-il ?  Qu’au début de la création Dieu a fait « côte à côte », en hébreu « ish-isha », un ensemble « homme-femme ». Il fait ce couple à sa ressemblance. L’un est inséparable de l’autre. Ils sont égaux mais différents, côte à côte et complémentaires. Mais Dieu ne s’est pas arrêté là, il leur a donné la capacité comme lui d’être créateur, de devenir ensemble attachés l’un à l’autre pour se prolonger à l’infini.

Mais ça, c’était l’origine, jusqu’à ce que le couple « homme-femme » Adam – le « glaiseux » et Eve « la vivante » – se laisse séduire et ferme son cœur à la tendresse de Dieu pour écouter la voix trompeuse du père du mensonge.

C’est ce que Jésus rétorque aux pharisiens et c’est ce que nous devons entendre ce matin ici dans l’église de Chambord ! Jésus nous demande de ne pas rester bloqué sur une règle, sur le permis, le défendu, mais de changer notre cœur, de nous convertir. Ecoutons le prophète Ezéchiel nous dire « J’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair » Et ensuite la parole de saint Augustin « Aime et fait ce que tu veux » ne pose plus de problème puisque l’Amour est toujours premier. L’Amour qui se donne et se reçoit !

Lorsque j’étais diacre dans le diocèse de Clermont l’Evêque, Hyppolite Simon avait constitué un groupe de réflexion et d’accompagnement des personnes divorcées, divorcées, remariées. Il m’avait demandé comme avocat à l’officialité régionale d’y prendre une part active pour réfléchir sereinement et faire des propositions pastorales. La recommandation était de bien faire sentir à toutes personnes dans ces situations humaines complexes que l’Eglise ne portait pas de jugement mais accueillait. Nous étions un petit groupe constitué d’un prêtre, d’un couple divorcé-remarié, d’une magistrate, d’une avocate, d’un couple dont la fille était divorcée. Nous avons beaucoup accueilli.  Toutes les situations étaient singulières. Et nous avons beaucoup lu, relu, étudié, retourné, dans tous les sens le passage de l’Evangile que la liturgie nous offre ce matin. Mais nous avons aussi beaucoup médité et prié.

Ma conviction a été et elle demeure que Jésus parle le langage du cœur. C’est le langage de Dieu. Le cœur de l’homme hélas ressemble plus à une carapace semblable à celle de la tortue qu’à une cire molle sur laquelle Dieu désire imprimer son Amour.

Chers amis frères et sœurs, est-ce que vous êtes prêts, je devrais dire est-ce que nous sommes prêts car je suis autant concerné que vous, à laisser Jésus pénétrer dans notre cœur quitte à accepter qu’il y fasse un grand ménage ?