« Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? …Qui aurait connu tes volontés si tu n’avais pas donné la Sagesse et ton Esprit Saint »

Je dois vous avouer que lorsque j’ai lu cet extrait du livre de la Sagesse que la liturgie nous propose pour ce 23ème dimanche ordinaire cela m’a fait du bien !  Je m’explique : Cela m’a ramené à mon enfance, lorsque j’étais à la « communale » comme nous disions à l’époque pour parler de l’école primaire, on nous distribuait des « bons points » en fonction des bons résultats que nous obtenions dans les diverses disciplines, mais il y en avait un que nous pouvions obtenir même si l’on avait des difficultés d’apprentissage c’était celui de la » sagesse » ! Et lorsque je rentrais à la maison ce qui importait avant tout à ma mère c’est de savoir si mon frère et moi nous avions été sages et si nous méritions ce fameux bon point !

Qu’est-ce donc qu’être sage ? De quelle sagesse nous entretient l’homme de la Bible, dans l’extrait du livre du même nom que nous venons d’entendre ?

La Sagesse c’est ce qui rend heureux lorsqu’on la possède et ce qui nous rend malheureux quand on en est privé. On peut donc dire que c’est un art de vivre, c’est une certaine « connaissance » de la vie de l’homme qui ne se trouve pas dans les livres, en tous les cas pas uniquement dans les livres !

Pour découvrir cette manière de vivre qui rend heureux pour l’homme de la Bible il n’y a que le Dieu d’Israël.

« Qui peut découvrir les intentions de Dieu » Pour la plupart des hommes puisque c’est impossible. Alors ils décrètent que Dieu n’existe pas un point c’est tout et que c’est dans la recherche effrénée par soi-même et de soi-même que nous découvrirons le bonheur sur cette terre. Jamais autant qu’aujourd’hui toutes les méthodes de développement personnel, de confiance en soi, de philosophies venues d’ailleurs aussi bizarres qu’incertaines n’ont fait florès.

 Puisque Dieu n’existe pas, il faut bien combler l’espace laissé libre en bricolant mille et une recettes idylliques dont les gourous ont le secret pour combler ce vide existentiel.  

 Le livre de la Sagesse écrit à Alexandrie à une époque qui ressemble sous certains aspects à la nôtre. La recherche scientifique et philosophique y est très développée. Je ne sais pas si la Bibliothèque nationale aura dans deux milles ans autant d’échos que celle d’Alexandrie qui est restée célèbre ! Et bien c’est à ces grands esprits que l’auteur du livre de la Sagesse vient rappeler les limites du savoir humain : « Les réflexions des mortels sont incertaines, et nos pensées instables. »

Il faut une dose d’humilité pour le reconnaître et certainement un peu de lucidité pour admettre que nous ne pouvons pas tout comprendre et tout expliquer : « Dieu est le Tout-Autre » ; « ses pensées ne sont pas nos pensées », (Isaïe),

Mais si Dieu est le tout Autre, il est aussi le tout Proche et Jésus est là pour nous le rappeler au cas où nous aurions tendance à l’oublier !

Ceci dit il nous est plus facile de comprendre maintenant les paroles de l’Evangile de ce jour qui dans un premier temps peuvent nous heurter et sembler au-dessus de nos forces.

Je l’avoue, j’ai mis du temps à comprendre ce que Jésus demande pour être son disciple : « Si quelqu’un vient à moi, sans me préférer à son père, sa mère…, il ne peut pas être mon disciple » Ce qui sera repris en écho dans la dernière phrase : « Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »

Pour le suivre Jésus, nous dit les risques. Pour être Chrétien, finalement, la vraie Sagesse, c’est de ne compter sur aucune de nos sécurités de la terre.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus l’avait bien compris dans son poème que nous chantons de temps en temps : « Je n’ai d’autre désir que de d’appartenir, Je n’ai d’autre secours que renaître à l’amour, Et soumettre ma vie au souffle de l’Esprit »   Et Saint Charles de Foucault à sa manière ne dit rien d’autre dans sa prière maintenant célèbre que nous chantons aussi de temps en temps « Mon père, je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira »

Bienheureux donc ceux qui sauront se désencombrer des fausses précautions… C’est peut-être cela se préparer à passer par la porte étroite dont il était question au vingt-et-unième dimanche.