En pensant à cette homélie que je vous livre ce matin, je me suis demandé ce que je pouvais bien dire de nouveau sur ce Carême que nous allons vivre cette année 2025 dans un climat social et politique anxiogène ? M’est alors venu à l’esprit cette parole du psaume 27 : « Mets ton espérance dans le Seigneur sois fort et prends courage, mets ton espérance dans le Seigneur » ! Le ton est donné. Le psalmiste   nous invite, quoiqu’il arrive à garder les yeux « fixés » sur Jésus Christ » et à garder ferme notre espérance. La résurrection est au bout !

            « Les yeux fixés sur Jésus Christ entrons dans le combat de Dieu » !

            Cette antienne du psaume 90 que l’on va dire chaque matin durant le carême pour ouvrir les Laudes rythmera notre prière au long de ces quarante jours. En regardant Jésus nous savons ce que nous avons à faire durant ce temps qui nous est donné. Ne prenons pas une mine contrite et défaite mais joyeusement entrons dans une démarche de conversion.  Seul moyen de nous libérer de nos servitudes !

            Le lieu, du combat c’est le désert ; le temps, immédiatement après le baptême par Jean dans les eaux du Jourdain. Le protagoniste si je puis dire : Satan

            Le désert n’est pas une destination que personnellement je recommanderais pour partir en vacances, ni même pour faire une retraite. Coupé de tout et de tout le monde, le désert est inhospitalier. C’est une « terre aride, altérée, sans eau » nous dit le psaume 62., Et c’est bien l’état de mon âme en débutant ce carême ! Pour certains qui ont vécu cette expérience, il faut découvrir quelques anfractuosités au creux d’un rocher pour trouver un peu d’ombre le jour pour se protéger du soleil brûlant et un léger abri pour la nuit afin d’éviter le froid et surtout les prédateurs ! Ce n’est pas Club Med !

 C’est là que Jésus va passer quarante jours de solitude et se préparer à sa mission dans le jeûne et la prière.

L’Esprit qui s’est manifesté lors de son baptême le guide vers ce temps de retraite préparatoire à sa mission de Fils unique. Jésus vient d’entendre la voix du Père « Tu es mon Fils » Il veut imprégner tout son être de cette Parole et l’approfondir durant quarante jours de solitude et de prière.

 Quarante ! Ce chiffre dans la Bible est symbolique, il exprime un temps d’attente, de préparation, de dépouillement. Pour les Hébreux, ce sera quarante ans dans le désert avant d’entrer dans la terre promise. Pour Moïse et pour Elie, ce sera quarante jours sur le mont Sinaï. C’est le temps de la rencontre avec Dieu. Mais avez-vous remarqué que quarante c’est également le temps qu’il faut pour qu’un petit d’homme vienne au monde. Quarante semaines dans le sein de sa mère. Quarante semaines pour naître à la vie…. Quarante jours chaque année pour reprendre le chemin que la lassitude des jours, les sollicitations diverses et variées que nos existences survoltées ont éloigné de nos promesses baptismales. Quarante jours pour revenir à la vie dans l’Esprit !

Pour Jésus ce sera aussi la rencontre avec le « tentateur »

            Le Carême dans lequel nous sommes entrés et qui se terminera le Jeudi Saint est un laps de temps nécessaire de quarante jours pour nous préparer à la joie de la rencontre renouvelée avec ce Dieu qui nous ouvre son cœur paternel. Mais ne pensons pas échapper au tentateur…

Quels sont dans l’évangile de Luc les deux acteurs avec Jésus ? Tout d’abord et en premier lieu Celui qui le « pousse »amoureusement : l’Esprit Saint.  Jésus, si je puis m’exprimer ainsi, est chez lui. C’est son hôte intérieur avec lequel il converse familièrement. Oui il est de la même famille…Avec lui Jésus va pouvoir affronter le tentateur. En faisant comme Jésus, en ouvrant notre cœur à l’Esprit Saint nous serons nous aussi vainqueur du tentateur. L’Esprit combattra pour nous.

 Et puis il y a Satan, le menteur, le diviseur. N’allons pas imaginer qu’il va se présenter sous les traits hideux d’un affreux barbu, cornu mi-homme mi-bouc avec cornes et sabots…laissons ces clichés moyenâgeux.  Satan est bien plus fourbe que cela. Il va épuiser toutes ses ruses pour essayer de séduire et faire chuter le Fils de Dieu. Comme il le fait depuis toujours, depuis les origines pour faire chuter le genre humain.

Nous sommes donc avertis, il a plus d’un piège dans sa gibecière crasseuse pour glisser sous nos pas les pièges dans lesquels hélas nous tombons trop souvent lorsque nous comptons uniquement sur nos propres forces !

Au début de ce Carême avec Saint Benoît je vous dis « Ecoutez » … la Parole de Dieu et à la fin, le Dimanche de Pâques, ensemble nous « parviendrons » à la joie

De la résurrection ! C’est notre espérance !