« Ce qui m’étonne dit Dieu c’est l’Espérance », écrit Charles Péguy dans le Porche du Mystère de la deuxième vertu, en 1912. « L’espérance à ne pas confondre avec l’optimisme qui n’est qu’un ersatz de l’espérance qu’on peut rencontrer même au fond de la bouteille ! » comme le dit Bernanos dans une conférence en 1945.
Frères et sœurs combien d’entre vous savent encore par cœur, l’acte d’espérance ? On ne le dit plus guère en faisant notre prière le matin ou le soir, comme les trois autres d’ailleurs, les actes de foi, de charité et de contrition !
Péguy nous invite redonner à l’espérance toute sa place au milieu des deux autres vertus théologales que sont la foi et la charité. Dans la seconde lecture de ce 19ème dimanche, le bref extrait de la lettre aux Ephésiens saint Paul nous invite à ne pas contrister l’Esprit Saint en restant bien d’accord entre nous. C’est la Charité. Et Jésus dans l’Evangile stimule notre foi qui puisera dans l’Eucharistie les grâces nécessaires dont elle a besoin pour ne pas s’éteindre. !
Mais cette semaine c’est sur l’Espérance que mon attention a été attirée ! Le court extrait du livre des Rois met en scène un prophète, et par n’importe lequel, Elie, celui qui avec Moïse apparaitra aux trois Apôtres Pierre Jacques et Jean sur le Thabor lors de la Transfiguration de Jésus.
Mais aujourd’hui Elie n’est pas nimbé de gloire. Il est abattu, il a la mort aux trousses, il fuit la colère de la reine Jézabel qui a juré sa perte. Elle veut l’exterminer. Elle avait quelques raisons pour cela puisqu’Elie avait ridiculisé les quatre cents prophètes de Baal lors d’une ordalie. Cette divinité païenne honorée et servie par Jézabel, vous en souvenez était restée sourde aux incantations des prêtres de Jézabel. Elle décide donc de faire trucider Elie !
Elie avait mis toute sa foi en Dieu ; alors pourquoi ce profond désespoir, ce découragement chez l’un des plus grands prophètes de l’Ancien Testament ? Est-ce qu’Elie a perdu l’espérance ?
Elie est humain, ce n’est pas un surhomme. Même s’il a une confiance totale en Dieu, se retrouvant dans le désert avec ses poursuivants à ses basques, il n’en peut plus, il jette l’éponge, il est au bout du rouleau. Il demande à Dieu de reprendre sa vie !
Eh bien, voyez-vous, ce passage nous fait du bien !
Oui, cela nous fait du bien, parce qu’il nous montre un « géant » de la foi qui vient d’avoir une chute de tension ! L’espérance semble l’avoir abandonné ! Ou plus exactement c’est lui qui semble avoir abandonné l’espérance ! « L’espérance écrivait Bernanos est une détermination héroïque de l’âme et sa plus haute forme est le désespoir surmonté » Là, Elie montre comment avec la grâce de Dieu on peut reprendre des forces et surmonter le désespoir. C’est à ce moment que l’espérance le fait rebondir.
Cet épisode de l’Ancien Testament nous force à réfléchir sur notre propre manière de vivre notre foi chrétienne dans un monde où très souvent tout autour de nous, on ne rencontre qu’indifférence, moquerie, parfois hostilité. Si la foi est toujours au rendez-vous, la charité traine parfois un peu les pieds et la petite fille espérance chantée par Péguy ne fait pas de bruit, ne se pavane pas, au point que trop souvent elle est oubliée. A quoi bon, prier puisque je ne suis pas exaucé ! A quoi bon venir encore à la messe le dimanche puisqu’il y de moins en moins de prêtres pour la célébrer ? A quoi bon, à quoi bon … vous pouvez compléter la liste de tous ces « à quoi bon » …qui nous font les baisser les bras et nous ouvrent la voie de la tentation à l’abandon. Tout est organisé il est vrai pour que notre société se passe d’espérance et d’amour. Tout doit se résoudre par les nouvelles technologies autour de la seule organisation possible qu’est l’économie ! Exit, la foi, la charité et l’espérance !
Bonne raison pour nous qui sommes là ce matin dans cette église royale saint Louis de Chambord pour mettre l’accent cette semaine, ce mois-ci sur la petite fille espérance ! Et si nous apprenions ou redécouvrions à frais nouveaux l’acte d’espérance que nous savions par cœur dans ma jeunesse en le récitant à la prière du matin.
Mon Dieu, j’espère avec une ferme confiance que vous me donnerez, par les mérites de Jésus-Christ, votre grâce en ce monde, et si j’observe vos commandements, le bonheur éternel dans l’autre, parce que vous l’avez promis et que vous êtes souverainement fidèle dans vos promesses.
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