« Cherchez d’abord le royaume et la justice de Dieu et le reste vous sera donné par surcroît »

            C’est cette invitation de Jésus appelé par Luc « Maître » et « Seigneur » que je retiens en ce 16ème dimanche de l’année liturgique « C ». En plein mois de Juillet, au cœur des vacances pour certains d’entre nous le moment est propice pour se poser les bonnes questions sur notre manière de vivre notre foi chrétienne.

Recherchez le Royaume de Dieu, n’est-ce pas chercher à obtenir « la meilleure part » ?

            Lorsque j’étais jeune, j’ai souvent entendu prêcher sur l’opposition entre les deux sœurs, Marthe et Marie. Nos professeurs, nos supérieurs, louaient l’attitude de Marie qui avait choisi la meilleure part. Sous-entendu la meilleure part pour vous qui commencez votre vie religieuse. Continuez dans cette voie et le chemin est tout tracé pour accéder à la vie éternelle. Bref la voie royale, celle de Marie ! !

Les autres peuvent continuer à s’agiter comme le fait la pauvre Marthe, il ne leur restera qu’à travailler durement pour obtenir une petite part dans le Royaume des cieux ! Nous disions entre nous un « strapontin » au ciel ! Mon Dieu fort heureusement on entend plus ce genre de discours sauf peut-être chez quelques nostalgiques du passé !

Il est vrai que dans une époque pas si lointaine, l’accès à la Bible était limité. Dans certaines communautés religieuses, essentiellement féminines, il n’y avait qu’une Bible. Il fallait demander à la supérieure l’autorisation pour la lire ! La crainte non avouée est que l’on s’en tienne à la devise protestante : « scriptura sola »…

            Fort heureusement nous avons maintenant accès à une meilleure compréhension des Ecritures et nous savons grâce aux études exégétiques que Marthe et Marie sont deux sœurs qu’il ne faut surtout pas opposer !

L’attention des deux sœurs est focalisée sur la personne de Jésus. L’une, Marthe veut mettre les petits plats dans les grands. Elle met toutes ses compétences de maîtresse de maison à régler l’ordonnancement de la réception du Maître , il faut que tout soit parfait. Il ne s’agit pas de laisser échapper le moindre détail pour accueillir le grand ami de la famille. L’autre, Marie est bouche bée, elle se fait tout écoute, elle boit les paroles qui sortent de la bouche du Seigneur.

Les deux attitudes me semble-t-il sont aussi louables l’une que l’autre, mais dans le moment présent Jésus leur dit d’une certaine manière vous m’appelez « Maître et Seigneur » et réellement je le suis, mais ce qui compte ce n’est pas la nourriture terrestre qui ne procure qu’un plaisir éphémère mais bien celle qui nourrit le cœur, l’esprit et l’âme. Celle-ci demeure pour l’éternité. Inutile de s’agiter. Discernons la priorité du moment !

On peut imaginer les disciples ; ils sont là avec Jésus, ils entendent les propos de Jésus, et je suppose qu’une fois de plus certains d’entre eux ont dû être déconcertés tout comme je l’aurais été à leur place, Le Maître et Seigneur décidément n’applique pas les codes communs de la réception des personnes que l’ont tient en haute estime ! Jésus agit exactement comme son Père. Il va à contre-courant de nos manières humaines. Nous le réalisons en méditant la première lecture de ce dimanche.

Abraham a trouvé l’hospitalité en Canaan, chez Mambré. Il se trouve sous un chêne. Tous les détails du texte comptent pour entrer dans l’intelligence des Ecritures Pour l’homme de la Bible le chêne symbolise la force, la puissance, la sagesse, l’hospitalité.

Abraham est l’homme de la promesse. Dieu le choisit et lui fait savoir qu’il sera le père d’un grand peuple…Seulement voilà ! Sara son épouse est stérile et elle est âgée. Lui-même n’est plus de la première fraîcheur. Alors il imagine des solutions à la mesure de sa compréhension humaine de la promesse. Dieu ne retient aucune d’entre elles. « En toi seront bénies toutes les familles de la terre » et on peut imaginer ce qui n’est pas écrit dans la Bible « toutes les familles seront bénies mais pas comme à vue humaine toi tu l’envisages »

Et pour qu’il comprenne bien ce que Dieu attend de lui, il va se manifester physiquement sous un aspect humain de trois hommes qui en réalité n’en est qu’un.

Qu’est-ce que Dieu attend de nous ? Qu’est-ce que Dieu attend de moi qui suis là ce matin dans cette église de Chambord ? Me suis-je posé sincèrement la question sans anticiper la réponse ? Est-ce que la réponse que je formule correspond à l’appel de Dieu ?  Je vous laisse sur ces questions qui nécessitent une réponse personnelle !