« Réjouissez-vous avec Jérusalem » vient de nous dire le prophète Isaïe dans la première lecture de ce 14ème dimanche du temps ordinaire. Se réjouir avec Jérusalem, spontanément un lecteur non averti et ignorant tout de l’histoire et de la vie du Peuple Juif pourrait avoir des idées préconçues, pour ne pas dire plus ! J’entends d’ici tel ou tel leader politique d’aujourd’hui se saisir de cette petite phrase pour gloser et trouver dans cette invitation prophétique un prétexte pour justifier son antisémitisme larvé ! Mais ce n’est ni le lieu ni le moment de s’aventurer sur ce terrain miné. Sans être polémiste, sachez tout de même qu’un chrétien ne peut pas être antisémite …
Contentons-nous de faire une lecture attentive de ce petit extrait d’Isaïe écrit au retour de l’exil à Babylone vers les années 330 ou 350 avant Jésus Christ. Tout est à reconstruire dans cette ville que Nabuchodonosor a pillée et en partie démolie. Il a profané le Temple. Tout est à reconstruire, alors comment ne pas s’interroger sur la présence de Dieu au milieu de son Peuple ? Commençons donc par nous interroger sur le sens de Jérusalem. Pour les Juifs, les Chrétiens et les musulmans, c’est la ville sainte par excellence.
Dans la Bible on l’appelle aussi « Sion » du nom du mont sur lequel a été bâtie la forteresse de Jérusalem. Mais on appelle Sion : « Ma mère ! » dit le psalmiste au verset 5 du psaume 86, et il poursuit « car en elle, tout homme est né. C’est lui, le Très-Haut, qui la maintient » On pourrait être tenté pourraient de dire que Jérusalem Ville de la paix : « Shalom » porte bien mal son nom !
« Réjouissez-vous avec Jérusalem », mais tout de suite après le prophète poursuit son exhortation en utilisant le futur. « Vous serez nourris de son lait…vous goûterez avec délices…vous serez porter sur la hanche…vous serez choyés…comme un enfant que sa mère console ainsi je vous consolerai…oui dans Jérusalem vous serez consolés Vous verrez votre cœur sera dans l’allégresse, vos os revivront. Le Seigneur fera connaître sa puissance. »
D’où vient cet excès d’optimisme du prophète ? J’allais dire tout simplement de sa foi et de son espérance en ce Dieu qui n’a jamais déçu le peuple d’Israël ! Il suffit de rappeler au peuple les grands épisodes de son histoire : la sortie d’Egypte, la traversée de la Mer Rouge, la manne dans le désert, et les nombreuses victoires sur les ennemis.
Mais l’histoire du Peuple Juif est aussi notre histoire. Nous sommes nous chrétiens concernés par cette Cité de Jérusalem ! Nous l’avons chanté au début de notre Eucharistie dominicale. « Notre Cité se trouve dans les Cieux » nous dit l’apôtre Jean à qui est attribué l’Apocalypse. A la fin de ce dernier livre du Nouveau Testament, au chapitre 21, l’on apprend que cette nouvelle ville n’abrite pas de temple. Différente de la vision de la Jérusalem céleste juive, la Jérusalem céleste chrétienne n’a pas de temple, car elle n’en a pas besoin. L’Agneau, la personne de Jésus Christ, se substitue au temple.
Et comme au temps du prophète, Jean rédige sa vision au futur…Et nous savons que ce n’est pas un « futur » hypothétique. C’est au futur certes mais c’est une réalité déjà là ! La promesse qui nous est faite n’est aucunement fallacieuse, nous avons l’Evangile pour nous le confirmer. Les Paroles de Jésus ne sont pas mensongères. Il est mort et ressuscité non seulement pour nous le prouver mais aussi pour nous arracher à la mort éternelle, et nous préparer une demeure dans les Cieux. Là précisément où se trouve cette Jérusalem si tant est que l’on puisse la localiser, car dans les cieux nouveaux et sur cette terre nouvelle, nos repères spatiaux-temporelles disparaissent !
Réjouissez-vous nous dit-il ce matin Jésus dans l’évangile de ce dimanche comme il l’avait dit à ses disciples qui reviennent tout joyeux de leur première mission. Oui Réjouissez-vous non parce que vous avez vu des miracles opérés en mon nom mais parce que vos noms sont inscrits dans les cieux. Voilà notre objectif principal. Voir nos noms inscrits dans les cieux c’est-à-dire dans le cœur de Dieu c’est la même chose.
Frères et sœurs, je ne sais pas si en invoquant le nom de Jésus vous avez déjà réalisé un ou plusieurs miracles, mais, si tel est le cas, ne vous en attribuez pas le mérite. Jésus seul qui détient le vrai pouvoir d’opérer des miracles, vous êtes, je suis, nous sommes des serviteurs quelconque et même inutiles. Mais réjouissez-vous et réjouissons-nous tous ensemble de savoir que nos noms sont inscrits dans le cœur de Dieu.