Notre foi en la résurrection de Jésus repose sur un tombeau vide…Elle ne
repose que sur quelques témoignages et bien évidemment sur les paroles mêmes de
Jésus avant sa passion. Mais supposons un instant que la photographie ait existé,
que l’on ait à notre disposition un enregistrement sonore, il y aurait eu une foule
d’incrédule pour la remettre en cause ! « Quand bien même quelqu’un reviendrait de
chez les morts, ils ne le croiront pas ». Et même lorsqu’ils ont Lazare ressuscité sous
leurs yeux ils n’ont qu’un objectif en tête, le faire mourir lui aussi…
Oui « Christ est ressuscité ! » mais c’est en secret…Il est né dans une étable
comme un pauvre, il a grandi silencieusement, discrètement à Nazareth. Il meurt
comme un malfrat, il ressuscite discrètement…
Dieu n’aime pas les démonstrations tapageuses, Lui, il élève les humbles. Ne
soyons donc pas surpris si la résurrection n’est pas observable.
Notre foi, la foi de l’Eglise, celle de ne nos pères, celle que nous proclamons
chaque dimanche, s’appuie sur une Parole, celle d’une femme. Marie-Madeleine,
la première, de bon matin en ce premier jour de la semaine à constater que le
tombeau est vide.
Notre foi prend sa source dans la Parole du « disciple, celui qui, alerté en
même temps que Pierre, arrive le premier au tombeau. Entrant à la suite de Pierre,
« il vit et il crut ». Notre foi ne repose que sur le constat « du tombeau vide » et sur
l’affirmation de l’Evangéliste. Pour que l’Absence devienne Présence, il faut qu’avec
le disciple nous intériorisions la Parole de Dieu.
A l’heure où les chrétiens pratiquants en France sont statistiquement devenus
minoritaires, on constate paradoxalement une très nette progression du besoin de
croire. « Le 21ème siècle sera religieux » aurait dit André Malraux. Mais dans cette
période troublée de notre histoire nationale chacun se bricole pour lui-même son
propre système de croyances en allant faire ses emplettes aux rayons des religions
ésotériques et des sectes. Chacun prend ce qui l’arrange pour apaiser ses
angoisses. Résurrection, réincarnation s’y côtoient. Il y a même des chrétiens, mal
instruits des richesses de leur baptême, pour se satisfaire de l’idée que la
réincarnation est une assurance suffisante pour l’au-delà !

Peut-on se dire chrétien et croire à la réincarnation ? Peut-on, en venant de
temps en temps à la messe le dimanche, proclamer sans sourciller avec toute la
communauté : « je crois à la résurrection de la chair » et, le reste du mois affirmer
que l’on adhère aux conceptions de ceux qui pensent qu’après la mort l’être humain
se réincarne ? Ou même qu’il retourne dans une sorte de stratosphère vaporeuse !
« Christ est ressuscité ! » Oui mais c’est en secret…
Ressusciter, avec le Christ, c’est prendre un aller sans retour pour quitter
définitivement toutes nos tares, nos faiblesses, nos handicaps, nos infirmités.
La résurrection de la chair c’est la transformation de tout l’être, de la personne
tout entière, de sa manière d’entrer en relation avec Dieu, avec les autres. La
résurrection, c’est bien une nouvelle naissance hors du temps et de l’espace, une
sorte de plongeon dans l’Amour incommensurable du Père. Elle est comparable à
notre naissance dans ce monde ci, où après avoir quitté le sein maternel, il n’y a
aucune possibilité de retour en arrière !
Il y a la fois continuité et rupture avec notre vie d’ici-bas. Continuité car c’est la
même vie avant et après la mort, et en même temps rupture car la manière de vivre
est transformée puisqu’elle est illuminée par la gloire du Père . Après la mort, comme
le Christ est resté le même mais autrement, nous aussi nous resterons les mêmes
mais autrement.
Croire que Jésus est ressuscité avec son corps, c’est affirmer que toute sa
personne a traversé la mort après avoir enduré les atroces souffrances de la
Passion. Il est totalement présent à son Père et en même temps à chacune et
chacun d’entre nous. Certes il n’est plus visible à nos yeux humains mais c’est
précisément pour que tous et chacun nous puissions, avec l’aide de son Esprit le
découvrir par la foi. Ouvrons les yeux de notre âme, inclinons l’oreille de notre cœur.
Alors nous l’entendrons murmurer « Oui, c’est moi, c’est bien moi, je suis Vivant,
je t’aime »
Par sa Résurrection, le Christ, a définitivement vaincu la mort. Elle n’a pas le
dernier mot, elle n’est que la fin d’un processus biologique que nous n’avons sous
aucun prétexte le droit d’arrêter. Elle n’anéantit pas la vie, ce n’est que la fin d’un

mode de vie que nous ne devons pas anticiper même sous couvert de fraternité !
Amen