En préparant l’homélie de ce dimanche « Laetare » j’ai été taraudé par l’actualité de cette semaine. J’ai eu du mal à voir tout de suite comment me réjouir ! D’abord l’inscription de l’IVG dans la constitution, puis les débats autour de l’euthanasie, ensuite les déclarations politiques bellicistes fusant de plusieurs parties du monde, et tous les événements quotidiens que l’on qualifie suivant les médias de faits divers pour les uns et pour d’autres de faits de société ! Tout cela vous attriste peut-être tout comme moi.

 Je me suis alors souvenu d’une citation du théologien, professeur et pasteur protestant Karl Barth qui disait à ses étudiants « qu’un chrétien, quand il prie, devrait toujours avoir le journal dans une main et la Bible dans l’autre »

Il est vrai qu’au regard de tous ces événements, que nous avons vécus, que nous allons devoir vivre et qui vont continuer à inonder notre quotidien dans les semaines qui viennent, il y a quelques raisons d’être morose et pessimiste sur l’avenir. Ils peuvent effectivement nous faire douter de l’efficacité de nos prières. Que fait Dieu, pourquoi laisse-t-il faire ? La voix des catholiques est inaudible et tournée en dérision par les idéologies dominantes qui insidieusement instille dans l’esprit de beaucoup une culture de violence, de mort, plaçant au centre « l’homo économicus » en niant le droit au chapitre à « l’homo sapiens » !

Reprenons la première lecture de ce dimanche. Le livre des chroniques écrit vers 350 avant Jésus Christ nous relate cette histoire du roi de Perse Cyrus qui permet aux Juifs de retourner à Jérusalem pour reconstruire le Temple détruit par ses prédécesseurs. Il nous relate surtout brièvement le comportement du peuple de Dieu imitant les descendants de David qui se sont compromis et ont détournés leur regard du Dieu d’Israël pour se tourner vers des idoles. Notre 21ème siècle comme au temps de Nabuchodonosor jusqu’à Cyrus semble avoir mis le turbo pour éliminer Dieu de nos paysages. Je n’insiste pas sur les idoles nombreuses et variées qui peuplent les temples modernes des pays occidentaux.

 Mais Dieu n’abandonne pas son Peuple. Vous avez entendu saint Paul dans la seconde lecture : « Dieu est riche en miséricorde » Il donne gratuitement et sans arrière-pensée son secours aux hommes malgré leurs faiblesses, leurs lâchetés, leurs compromissions, leurs reniements. Car comme nous le fait chanter une hymne du bréviaire « Point de prodigue sans pardon qui le cherche, Nul n’est trop loin pour Dieu… »  Dieu ne nous abandonne pas. C’est nous qui tentons de l’éliminer allant jusqu’à nier la sacralité de la vie du début jusqu’à sa fin naturelle.

Je voudrais donc insister sur la miséricorde de Dieu. Jésus le Christ est le visage de la miséricorde du Père. C’est cela que Jésus tente de faire comprendre à Nicodème. Il le renvoie à ses chères études bibliques… « Comment, toi qui est un maître en Israël, tu ne sais pas cela… Dieu a envoyé son Fils dans le monde non pas pour juger les monde mais que pour par lui, le monde soit sauvé ». Nicodème ne pouvait pas ignorer l’Exode et notamment l’épisode du buisson ardent. « J’ai vu la misère de mon Peuple en Egypte, je l’ai entendu crier sa souffrance sous les coups, je connais sa souffrance. C’est ce même Dieu dont Jésus qui en est le visage dira devant Pilate « Je suis venu pour rendre témoignage à la vérité » cette vérité qui nous rend libre est que Dieu est Amour.

Saint Thérèse de l’Enfant Jésus que nous honorons dans cette église saint Louis voulait convaincre ses sœurs de la primauté de la miséricorde de Dieu, mais une sœur en particulier insistait plus la justice de Dieu. Thérèse lui rétorqua « Ma sœur, vous voulez de la justice de Dieu, vous aurez de la justice de Dieu, chacun reçoit de Dieu exactement ce qu’il attend de Lui » J’avoue que cette phrase de la sainte de Lisieux, qui je le rappelle pour ceux qui l’aurez ignoré a été déclarée docteur de l’Eglise, m’a personnellement rassuré sur ma qualité de pécheur. A l’approche de la semaine sainte où chacun est invité à faire le point dans le sacrement de réconciliation je souhaite que ce petit exemple thérésien soit libérateur. Il nous invite à une conversion sincère pour cesser de faire défiler devant notre tribunal intérieur tous ces hommes et ces femmes qui semblent avoir renié Dieu, qui ne le prient pas de la même manière que nous !

Je voudrais conclure par une réflexion caustique d’un évêque qui disait en parlant des personnes très soucieuses et exigeantes sur la justice divine surtout pour les autres, qu’elles étaient pures comme des anges et orgueilleuses comme des démons ! »

Ne soyons donc ni ange ni démon, car « qui veut faire l’ange fait la bête »                  ( Blaise Pascal)