« Aujourd’hui écouterez-vous sa parole, ne fermez pas votre cœur » C’est le début de la dernière strophe du psaume 94 que nous disons chaque matin pour débuter l’office de Laudes au bréviaire. C’est dire si cette parole au bout de plus de quarante ans de pratique quotidienne finit par pénétrer jusqu’au plus intime toutes les fibres de mon être. C’est cette Parole de Dieu sur parole d’hommes que je vous propose de conserver dans votre cœur tout au long de cette semaine en lisant et relisant les textes de la messe de ce jour pour en retirer le suc qui nourrira votre vie spirituelle.
Cette Parole elle est annoncée par un prophète. « Je ferai se lever un prophète comme moi au milieu de vous » déclare Dieu par la bouche de Moïse. Mais question : Qu’est-ce qu’un prophète ?
Je vous signale que le jour de votre baptême le diacre, ou prêtre a dit, en empreignant votre front de saint Chrême :« Désormais tu es membre du corps du Christ et tu participes à sa dignité de prêtre, de prophète et de roi… » Si vous voulez vivre pleinement votre baptême il est peut-être important de prendre quelques instants pour réfléchir sur la signification du mot prophète. Tous les baptisés sont concernés.
Disons tout de suite ce qu’il n’est pas : un prophète n’est pas un devin. Il n’a rien à voir avec madame Irma, Dieu ne demande pas à ses prophètes de lire dans le marc de café, ni dans les cartes de Tarots, ni avec je ne sais quel autre support divinatoire ! Dieu n’intime pas l’ordre de dire des balivernes, des faussetés. Laissons cela aux marchands d’illusions !
Le prophète appartient au peuple de Dieu. Il a été choisi pour annoncer fidèlement aux hommes uniquement la Parole, rien que la Parole mais toute la Parole. Rappelez-vous Jonas dans la première lecture de dimanche dernier. La Parole de Dieu est parfois provoquante, elle bouscule, elle dérange. Elle fait chavirer nos petits plaisirs éphémères. Mais elle nous invite à la conversion. Elle tourne nos regards vers la Vie.
Ecouter la Parole de Dieu et ne pas fermer son cœur ! Voilà le programme de toute vie chrétienne simplement parce que : « Cette parole elle est dans ta bouche et dans cœur pour que tu la mettes en pratique » (Deutéro. 30 ,14)
Le Christ est le grand prophète tant attendu et pour cause il est lui-même Parole de Dieu. Donc étant membre de son corps par notre baptême, nous sommes à notre tour prophètes pour le monde dans lequel nous vivons. Mais vous savez que la vie des prophètes n’est pas de tout repos. Jésus a été exécuté comme beaucoup de prophètes de l’Ancien Testament…C’est bien ce qu’avait compris Jonas. C’est pour cela qu’il avait fait la sourde oreille et qu’il était parti en direction opposée à la mission que Dieu lui avait confiée !
Si vous voulez aujourd’hui annoncer la Parole de Dieu n’attendez pas d’être porté en triomphe par vos voisins, vos amis, même votre parenté… Jésus nous a lui-même prévenu ! « Le frère livrera son frère, à la mort … vous serez haïs de tous à cause de mon nom, mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé » (Matthieu 10) Beau programme de réjouissance ! Mais il y a au bout la récompense de la Vie éternelle…
Essayez donc dans une réunion de famille d’aborder le sujet du respect de la vie, du premier instant de la conception jusqu’à la fin …Vous le savez vous-même il y a des sujets qui fâchent. La dictature de la bien-pensance oblige hélas les chrétiens trop souvent à se taire ! Je n’accuse personne. Vous savez nous manquons tous d’audace évangélique !
Et oui, Jésus a enseigné avec autorité ! Deux mots qui sont fait pour être ensemble. « Enseignement et autorité » Je me souviens qu’en Licence de Sciences de l’Education, j’avais lu avec gourmandise, après mai 68, un traité de Robert Gloton, un Inspecteur de l’Education Nationale sur l’Autorité à la Dérive. Etymologiquement du verbe latin « Augere » : « faire grandir ». L’autorité est bienveillante puisqu’elle vise à permettre à ceux vers lesquels elle est destinée à augmenter leur capacité intellectuelle, morale, spirituelle
Hélas elle est souvent confondue avec l’autoritarisme qui lui est rejeté parce qu’il est vécu comme une contrainte qui bride la liberté.
Jésus prend la Parole dans la Synagogue, le lieu naturel de l’annonce de la Parole de Dieu et il le fait le jour du Sabbat, c’est-à-dire le jour consacré à Dieu. Ceci n’échappe pas à tous ceux qui attendent le Messie promis par les prophètes.
De Jésus se dégage une autorité naturelle et son enseignement s’en ressent. Sa Parole est libératrice. Il ne répète pas comme un perroquet les 613 commandements contenus dans la Torah. Il est venu non pour les abolir mais pour les accomplir et surtout pour tous les résumer dans un unique commandement : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé » !
Alors la conséquence est que cette Parole puissante, forte, libératrice, cette Parole qui permet de grandir, s’attire l’agressivité des esprits impurs qui eux savent très bien qui est Jésus. Sa lumière chasse leurs ténèbres, sa pureté élimine leurs impuretés…
Cette semaine, paroissiens habituels, occasionnels ou de passage dans notre église de Chambord, regardons dans nos vies de quel côté nous penchons : lumière ou ténèbres ? Pureté ou impureté ? Vérité ou mensonge ? Liberté ou servitude ?
Puis faisons le bilan et de toutes manières convertissons-nous.