Il y a un verbe dans l’évangile de Matthieu de ce dimanche qui a retenu mon attention, et très certainement le vôtre j’en suis sûr, c’est le verbe :« Veiller » … « car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient » … « Comprenez » … « Tenez-vous donc prêts » … Et pourquoi donc cette mise en garde du Seigneur Jésus à ses disciples ? Pour les mettre en garde contre une certaine apathie, un manque de vigilance.

Ne pas s’endormir comme ce policier en surveillance sur un lieu où on s’avait qu’il y avait un cambriolage en préparation, il s’était endormi sur une chaise à l’intérieur du local à surveillé. Bon prince, le cambrioleur le surprenant dans les bras de Morphée lui a laissé un petit signe de son passage sans toutefois commettre son méfait ! Cette Parole vous concerne, elle me concerne, elle nous concerne tous.

Je « nous invite » donc à ne pas nous endormir et à être à être dès maintenant  » veilleurs ».  Et cela pour trois raisons, il y en aurait certainement d’autres mais ma méditation de ce passage d’Evangile m’a fait pour l’heure retenir les trois pistes que je vous livre.

Je dois d’abord être veilleur sur moi- même

Je dois être veilleur dans l’Eglise, ma mère dont Sainte Thérèse disait qu’en son cœur elle voulait être l’amour.

Je dois être veilleur pour le monde où je suis enraciné.

Être veilleur sur soi-même. Qu’est-ce à dire?

          Dès ma conception Dieu me confie ce capital inestimable de ma propre vie. Il n’y a pas de cadeau plus grand, plus beau que l’on puisse imaginer. Réfléchissez, cherchez bien, qu’est-ce qui pourrait surpasser la vie que vous avez reçue ? Rien. Dès lors comment la négliger ?  Comment ne pas l’aimer, en prendre soin, la faire grandir, la nourrir.

          Certes nous sommes bien d’accord, il faut prendre soin de sa vie biologique, physique, physiologique. Cet être complexe que je suis, fait de chair et de sang avec tout son côté un peu » animal » vaut effectivement la peine d’être soigneusement entretenue. Et quand les outrages du temps nous rendent moins alertes, moins performants, plus fragiles, nous réalisons qu’il va bien falloir partir, quitter cette vie pour un ailleurs dont nous voudrions bien savoir ce qui s’y passe et comment il est fait !

          Si la vie s’arrête à cet aspect des choses nous sommes les plus malheureux des hommes et des femmes. Combien sont alors pris de vertige, gagnés par la désespérance. Saisis d’effroi, pris de panique devant le néant où aboutit pensent-ils leur vie.

          Eh bien le temps de l’Avent qui s’ouvre nous invite à prendre du recul et à nous réveiller des torpeurs dans lesquelles le monde matérialiste nous englue.

       . Dieu nous a fait à sa ressemblance avec un esprit, une âme, un cœur fait également pour grandir, s’épanouir, aimer et s’éveiller un jour à sa Vie éternelle. Celle qui ne prendra jamais fin et pour laquelle en définitive nous sommes créés. C’est sur cette vie-là qu’il nous faut veiller avec la plus grande attention.

          Voyez-vous, notre vie complète, intégrale est un peu comme une échelle avec ses deux montants l’un le corps et l’autre l’âme. Supprimez l’un des côtés et il devient difficile d’atteindre le sommet à moins d’être un acrobate ! Pour l’accès à la vie éternelle, il en va de même, il faut veiller avec autant de soin sur l’un et l’autre montant de notre vie.

          Être veilleur dans l’Eglise .  L’Eglise, cette communauté d’hommes et de femmes si dissemblables qui se rassemblent autour de quelqu’un que l’on dit être né il y a un peu plus de 2000 ans dans une grotte servant de refuge pour les bergers et leurs troupeaux dans les abords immédiats de Bethléem. Cet homme que Dieu a fait Christ et Seigneur comme dit saint Paul, il a été crucifié comme un malfaiteur et ses disciples nous disent qu’Il est ressuscité. C’est sur la foi de ce témoignage qu’aujourd’hui 20 siècles plus tard nous sommes là pour célébrer cet événement de sa mort et de sa résurrection. Et bien ce Jésus, en qui nous avons mis toute notre Foi, nous enseigne comment prier Dieu, tout simplement en lui disant  » Abba » papa chéri …Ah ! Dieu, si tu déchirais les cieux pour montrer ta toute puissance comme ce serait simple. Si, là maintenant au milieu de nous tu descendais, si on pouvait te voir, te toucher, t’entendre, te parler comme ce serait simple.

          Mais, l’Eglise nous invite dès aujourd’hui, dès maintenant à ouvrir nos yeux. Elle nous invite au début de cet Année à convertir notre regard, nos mœurs pour découvrir que Dieu est là présent auprès de nous, en nous et qu’Il se fait reconnaître chaque fois que l’on partage de notre pain, de notre temps, de nos loisirs , non seulement avec ceux que nous aimons bien mais aussi avec ceux que nous avons du mal à supporter. Dieu nous a fait à sa ressemblance, une ressemblance tellement frappante que parfois on oublie de le voir dans l’homme ou la femme qui vient frapper à notre porte pour partager un peu d’amitié.

          Être veilleur pour le monde. Notre planète ne tourne pas très rond. Inutile de faire ici le point sur la situation du monde. Guerres, catastrophes en tout genre sont déversés dans nos assiettes à longueur de soirée. Eh bien, chrétiens dans ce monde déboussolé, nous avons à prendre part aux joies, aux peines, aux souffrances des hommes nos frères. Il ne faudrait pas que cette affirmation soit simplement un slogan « pieusard » que l’on entend trop souvent dans nos homélies dominicales. L’Eglise en tous les cas pour démontrer sa volonté d’être aux côtés des hommes et des femmes de ce temps, ordonne des hommes, pour être aux côtés de tous ceux et de toutes celles qui luttent pour que notre monde soit plus fraternel. Ce sont les diacres. Ils travaillent comme tout le monde et parfois sont au chômage comme hélas beaucoup trop de nos contemporains, ils ne s’habillent pas différemment, ils ont les mêmes logements, les mêmes joies et les mêmes peines. Mais ils sont là pour dire au monde, à ce monde ci qu’il n’y a qu’une seule chose sur laquelle il faut veiller avec un soin jaloux, c’est la vie de l’homme. C’est pour cela que la semaine dernière une petite fraternité diaconale était avec nous pour la célébration dominicale.

          Alors soyons sur nos gardes comme Jésus nous le demande. Ne nous laissons pas surprendre par l’assoupissement mais dans le calme et la sérénité soyons « veilleurs » car chaque jour que Dieu nous donne est le Jour de Dieu.