16 novembre 2025 – Chambord
Avant de terminer l’année liturgique dimanche prochain en célébrant solennellement le Christ Roi de l’Univers, nous écoutons ce dimanche le prophète Malachie nous mettre en garde contre un certain laxisme qui conduit petit à petit au reniement de la foi en Dieu. Ce texte est un appel à la conversion.
En lisant et méditant ce très court texte que la liturgie nous propose pour ce 33ème dimanche ordinaire de l’année C, je n’ai pu m’empêcher de faire un lien avec une séquence latine que nous chantions à tous les enterrements avant la réforme liturgique. Le « Dies irae dies illa » Jour de Colère que ce jour-là ! Ce jour-là bien sûr, c’est le jour du jugement devant le « tribunal » de Dieu…
Et je me souviens qu’enfant de cœur, lorsque j’étais en âge de comprendre la signification de ce chant latin, j’ai commencé à avoir une image de Dieu qui me faisait un peu peur… Et les prêches du curé, au demeurant un homme fort sympathique, allaient dans ce sens et ne me rassuraient pas non plus. Comme dit la jeune génération aujourd’hui, j’ai flippé ! J’avais comme beaucoup l’image d’un Dieu père fouettard prêt à tirer sur tous ceux qui batifolent en chemin et ne traversent pas dans les clous !
Or le prophète Malachie ne veut pas effrayer, mais il met en garde ses coreligionnaires pour qu’ils soient attentifs au salut de leur âme. Quand il écrit ce texte que nous méditons ce matin, nous sommes en 450 avant Jésus Christ, à Jérusalem, et il y a plus que du relâchement dans les mœurs, c’est franchement l’abandon de la foi au Dieu d’Abraham… les prêtres eux-mêmes pactisent avec les païens et en viennent à célébrer un culte fantaisiste !
Malachie tente de siffler la fin de la récréation ! Reprenez-vous, ne pactisez plus avec vos vieux démons qui vous attirent vers les plaisirs éphémères. « Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il vient à perdre son âme ! » dira Jésus 450 ans plus tard. C’est un peu la même chose que tente de faire comprendre Malachie à ses compatriotes. Et il le fait de manière énergique. « Voici que vient le jour du Seigneur brûlant comme la fournaise »…
On pourrait être tenté de voir là une menace. Il n’en est rien, bien au contraire. Je crois que l’on commettrait une grosse erreur de voir dans cette fournaise le feu de l’enfer ! Bien au contraire, c’est plutôt le feu de l’Amour purificateur de Dieu qui nous consume tous les péchés des hommes. Dieu est un Feu certes mais un feu d’Amour miséricordieux. Ce petit texte de Malachie est une perle qui scintille de mille éclats et nous dit que le croyant qui se tourne vers Dieu, source de l’Amour, n’a rien à craindre du jour du jugement.
La bibliste Marie-Noëlle Tabut exprime d’une manière limpide ce qu’est cette fournaise de l’Amour de Dieu. Elle dit « Le jugement de Dieu révèlera ce que nous sommes en vérité : sommes-nous arrogants comme dit Malachie, hommes au cœur sec ? Alors nous verrons ce que nous sommes en réalité : de la paille qui sera emportée dans l’incendie… Sommes-nous humbles devant Dieu, « craignant son Nom », c’est-à-dire attendant de Lui, comme le publicain ? Alors nous serons comblés ».
Et le Seigneur Jésus dans l’évangile de ce jour, nous donne un avertissement sur notre attachement et notre admiration de ce qui peut être architecturalement beau mais qui disparaîtra un jour ? « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre. ». C’est bien ce qui s’est passé à propose du temple de Jérusalem, puisqu’il a été détruit par Titus en 70 après Jésus Christ. Seul subsiste le mur que nous appelons « mur » des lamentations.
« On portera la main sur vous et l’on vous persécutera ». Jésus nous annonce ce qui est en train de se passer sous nos yeux et que nous refusons de voir. C’est à l’échelle de la planète qu’il nous faut lire et méditer ces pages de l’évangile. Les forces du mal se déchaînent un peu partout sur la surface du globe, comme jamais encore jusqu’à présent. Combien de millions de victimes innocentes un peu partout dans le monde, combien de chrétiens victimes de la haine et de la barbarie ? Hommes, femmes, enfants, vieillards. Des groupes fanatisés, galvanisés par une idéologie maléfique, ne respectent rien ni personne. Ils n’obéissent qu’à la seule voix du père du mensonge.
Mais,… « c’est par votre persévérance que vous garderez votre vie » nous dit Jésus à la fin de l’évangile de ce jour. Et la vie dont il parle ce n’est pas celle qui se limite à nos horizons rabougris. La vie, sa Vie, la vie éternelle, nous l’avons déjà en lui restant fidèle, en laissant son Amour se déverser dans nos cœurs.
Plutôt que d’avoir peur, tournons-nous résolument vers le Christ et disons-lui avec Yvonne Aimée de Malestroit « Ô Jésus Roi de gloire, j’ai confiance en ta miséricordieuse bonté. »