Au lendemain de la Toussaint, nous nous réunissons, cette année un dimanche, et nous prions pour ceux qui sont encore en « transit ». Tous ceux et toutes celles qui ont besoin de soins particuliers pour rejoindre la multitude immense avec laquelle nous nous réjouissions hier ! Les uns, ceux d’hier sont dans la béatitude céleste. Ceux d’aujourd’hui sont dans l’attente. L’Eglise nous dit qu’ils sont au purgatoire.
Alors, c’est comment pour eux de l’autre côté ? C’est quoi ce purgatoire ? Cette question nous nous la posons tous. Elle peut parfois devenir obsédante, angoissante, douloureuse et cependant elle est légitime. Chaque fois par exemple, que nous pleurons un être cher, nous sommes renvoyés à notre mort future et nous replongeons dans toutes ces questions existentielles dont nous voudrions bien avoir la réponse. Une réponse à la mesure de notre raison, de notre intelligence humaine.
Le jeune saint Carlo Acutis a donné une image du Purgatoire que je trouve intéressante. Il dit que le purgatoire est un immense hôpital où chaque âme reçoit les soins adaptés à son état en fonction de la vie qu’il a mené sur la terre. Il n’y aura donc pas de traitement unique. Il est vrai que l’on ne soigne pas un rhume, un traumatisme crânien ou un cancer du sein de la même manière. A chacun son spécialiste. A chacun son traitement adapté.
Si nous sommes là ce matin c’est que nous croyons que la vie à un sens et qu’elle ne s’achève pas dès que nous avons cessé de respirer !
Je ne sais si vous avez déjà été en contact avec une personne sourde, muette aveugle et paralysée. J’ai déjà eu l’occasion d’en rencontrer une, à Poitiers dans une maison tenue par des Sœurs de la Sagesse. Comment communiquer. Comment lui expliquer la vie dans laquelle nous évoluons alors qu’elle en est coupée par ses principaux sens, l’ouïe, la vue ?
Et bien nous sommes un peu dans la même situation lorsqu’il s’agit d’expliquer la vie dans l’au-delà. Il y a comme un mur infranchissable. Une impossibilité de communiquer avec le polyhandicapé. Il n’y a que quelques personnes qui arrivent à entrer en communication avec ces lourds handicapés. La sœur qui lui avait consacré sa vie y arrivait merveilleusement bien.
Il en va de même avec ceux et celles qui nous précèdent sur ce chemin que nous emprunterons tous un jour. Nous voudrions bien pouvoir continuer à communiquer avec eux.
Mais, nous sommes ces polyhandicapés nous ne pouvons pas entrer en communication. Mais bonne nouvelle, nous pouvons faire bien mieux ! Nous pouvons « communier » avec eux. Et où le faire bien, si ce n’est à l’Eucharistie…Ils n’attendent que cela ! Ne les en privons pas.
Nous ne pouvons pas imaginer la vie après la vie si nous refusons de tourner nos regards vers le Seigneur Jésus. Il est Dieu, Il a eu un corps comme le nôtre. Il a vécu notre vie d’homme avec tout ce que cela comporte de joies, de peines, de souffrances. Il est mort sur une croix comme un vulgaire bandit. Mais il est ressuscité. Il a franchi les portes de la mort pour nous entraîner derrière Lui dans une vie qui ne doit jamais finir. Nous sommes libres bien sûr de croire ou non. Libres de l’aimer ou de le rejeter.
Les âmes des personnes décédées ont acquis une dimension supérieure à la nôtre et la découverte de la Lumière les attirent tellement intensément qu’elles sont comme aspirées dans ce tourbillon d’Amour qu’elles ne peuvent plus revenir en arrière. Elles n’ont plus aucune envie de revenir se glisser dans nos vieilles peaux qui nous maintiennent dans l’obscurité. Quand bien elles le voudraient qu’elles ne le pourraient pas. La vie crée par Dieu est dans un mouvement dynamique ascendant. Jamais nous n’avons vu un bébé retourner dans le sein de sa mère. Alors, pourquoi voudrions-nous qu’il en aille différemment pour les défunts ? Pourquoi voudrions-nous qu’ils reviennent dans notre monde déboussolé par le péché ?
Cependant nous ne sommes pas coupés de nos conjoints, de nos parents, de nos amis partis sur l’autre rive. Ils nous attendent et pour certains ils espèrent nos prières pour être aspirés plus rapidement dans la gloire que Dieu a préparée pour tous !
Continuons à parler, à nos parents, nos conjoints, nos amis qui nous précédent dans l’éternité. Prions pour eux, prions avec eux. Ils ont besoin de notre aide, nous avons besoin de la leur. C’est vrai et c’est important mais attention, il ne s’agit pas de les retenir dans les joies éphémères et les peines de notre basse condition humaine.