Le Père Jacques Loew a écrit un livre intitulé : « La Prière à l’École des Grands Priants ». Ce matin, ce chapitre 17 de l’Evangile de Saint Jean offre à notre méditation : « La prière à l’Ecole du seul et unique  Grand Priant ». Toute prière chrétienne ne peut être que tentative d’imitation de la prière de Jésus. Il a passé sa vie sur terre à prier. Et lorsque ses disciples lui demande Seigneur apprend-nous à prier, il leur enseigne : « Notre Père »

Alors, entre l’Ascension et la Pentecôte, il me semble que ce dimanche est placé là pour que nous prenions un peu de temps pour vérifier où nous en sommes dans notre vie de prière. D’abord prions-nous chaque jour ? Combien de temps consacrons-nous à prier ? Comment prions-nous ? Que disons-nous dans notre prière ? Est-ce que nous remercions notre Dieu pour la vie qu’il a donné ? Est-ce que nous prions uniquement quand tout va mal ? Est-ce que nous prions pour les autres ?

 Saint Jean, l’Apôtre bien aimé du Seigneur, celui qui est resté jusqu’au bout au pied de la croix, celui qui est arrivé le premier en courant au tombeau le matin de la résurrection, celui qui vit et qui crut devant le tombeau vide, celui qui a reposé le soir de la cène sur la poitrine du Seigneur, Saint Jean nous rapporte fidèlement les paroles fortes du Christ en prière : « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi. »

Jésus est en communion parfaite avec son Père. Nous le serons à notre tour  lorsque nous serons avec lui dans la gloire du ciel. Mais cette communion se prépare dès maintenant. Il ne faut pas remettre à plus tard car il sera trop tard.

Jésus dans la prière qu’il fait à son Père demande de garder les disciples dans l’unité pour qu’ils soient unis en Dieu comme lui est uni dans le Père.

 « Non seulement ils sont présents l’un à l’autre, mais une union éternelle les lie totalement : « Tu es en moi et moi en toi. » Cette union, qui surpasse tout ce que nous pouvons imaginer et vivre à notre niveau, nous dit l’intensité de la prière de Jésus. Elle s’identifie complètement à ce que veut et fait le Père. 

Comme beaucoup, il m’arrive souvent de m’accuser de ne pas savoir prier comme il faut.  Quand je fixe mon regard sur la manière dont Jésus prie le Père dans l’Évangile, je me sens à des années-lumière de sa manière de prier. Je suis personnellement ébloui par ses gestes, ses attitudes, ses paroles, ses silences.  Ma prière, au regard de celle de Jésus, me semble bien faible et limitée. Souvent, elle n’est faite que de mots enchaînés rapidement et distraitement, sans communication réelle avec le Seigneur. Ce qui me console si je puis-dire c’est le témoignage d’une Abbesse bénédictine qui après cinquante de vie monastique avouait que chaque matin elle demandait au Seigneur de lui permettre d’être attentive pendant la prière communautaire, au chœur avec ses sœurs, et chaque matin, sauf à de rares exceptions, elle avait prié en pensant à tout ce qu’elle avait à faire dans la journée ! Mais elle ne s’est jamais découragée, elle a persisté et persiste encore à prier sept fois le jour avec ses sœurs.

Prier, c’est être en communion avec Dieu, parfois dans le silence. Mais prier c’est aussi être en communion fraternelle avec les autres. Que l’on soit seul dans sa chambre ou à son bureau, à l’église, ou à la chapelle, en marchant dans la nature, peu importe le lieu… savoir que des moines et des moniales, des chrétiens, des malades sur leur lit d’hôpital sont en train de prier en même temps que moi me met en communion avec tous les priants d’aujourd’hui.

Mais la prière tisse aussi des liens mystérieux entre les êtres, au-delà du temps et de l’espace. Lorsque je prie en sachant cela, je suis en communion avec ceux et celles que j’ai connu et qui sont déjà dans la gloire du ciel. Quand on découvert cela, la prière est un réconfort dans les épreuves de la séparation. Si je vous le dis c’est que j’en fais l’expérience tous les jours !

Dans la prière nous pouvons demander au Père au nom de Jésus qu’il nous protège du « Mauvais ». Croyons que cette prière-là sera exaucée si nous savons avoir confiance. Jésus sait mieux que personne combien c’est risqué et difficile voire même dangereux de vivre dans le monde : Alors Jésus prie le Père : « Garde ceux que tu m’as donnés ! » Il a prié pour chacun et chacune de nous. Il sait que le « Démon comme un lion qui rugit va et vient à la recherche de sa proie »

Notre fidélité est sans cesse mise à l’épreuve. Que de tentations dans ce monde hédoniste. Il nous faut résister avec la force de la foi en restant unis les uns aux autres : « Qu’ils soient un ! » La plus grande partie de cette prière après la Cène est une prière d’intercession pour les disciples de tous les temps. Chacun de nous peut se dire : le Christ a prié pour moi ce soir-là ! Le Christ continue de prier pour moi aujourd’hui, maintenant.

Pour apprendre à prier, prenons la main de la Vierge Marie. Comme un tout petit regarde sa mère avec amour, fixons les yeux sur elle et marchons silencieusement à ses côtés. Elle nous conduit à son Fils et au Père dans la communion de l’Esprit à qui nous allons ouvrir en grand les portes de notre cœur dans une semaine, à la Pentecôte.