Baptême d’Emeline
Est-ce que vous souvenez ce soir des paroles d’Abraham à ce riche qui se retrouve en Enfer parce qu’il ne regardait même pas le pauvre Lazare mourant de faim à sa porte, laissant les chiens venir lécher ses ulcères. Ce mauvais riche s’inquiétait du sort qui allait être réservé à ses frères en mourant à leur tour. Il voulait que Lazare, mort lui aussi, revienne à la vie pour aller avertir ses frères de changer de comportement ! Jésus déclare en conclusion de ce récit : « Quand bien même quelqu’un reviendrait de chez les morts, ils ne le croiront pas
C’est toujours vrai 2000 ans après cet événement !
Notre foi en la résurrection de Jésus repose sur un tombeau vide…Elle ne repose que sur quelques témoignages. Mais supposons un instant que la photographie ait existé, que l’on ait à notre disposition un enregistrement sonore, il y aurait eu une foule d’incrédule pour la remettre en cause ! « Quand bien même quelqu’un reviendrait de chez les morts, ils ne le croiront pas ». Et même lorsqu’ils ont un autre Lazare l’ami que Jésus a ramené à la vie sous leurs yeux ils n’ont qu’un objectif en tête, le faire mourir lui aussi…
Oui « Christ est ressuscité ! » mais c’est en secret…Il est né dans une étable comme un pauvre, il a grandi silencieusement, discrètement à Nazareth. Il meurt comme un malfrat, il ressuscite discrètement…
Dieu n’aime pas les démonstrations tapageuses, Lui, il élève les humbles. Ne soyons donc pas surpris si la résurrection n’a pas fait la une de la presse people de l’époque (si tant est qu’il en ait eu une !).
Notre foi, la foi de l’Eglise, celle de ne nos pères, celle que nous proclamons chaque dimanche, s’appuie sur une Parole, celle d’une femme. Marie-Madeleine, la première, de bon matin en ce premier jour de la semaine à constater que le tombeau est vide.
Notre foi prend sa source dans la Parole du « disciple, celui qui, alerté en même temps que Pierre, arrive le premier au tombeau. Entrant à la suite de Pierre, « il vit et il crut ». Notre foi ne repose que sur le constat « du tombeau vide » et sur l’affirmation de l’Evangéliste. Pour que l’Absence devienne Présence, il faut qu’avec le disciple nous intériorisions la Parole de Dieu.
A l’heure où les chrétiens pratiquants en France sont statistiquement devenus minoritaires, on constate paradoxalement une très nette progression du besoin de croire. Emeline, ce soir tu es pour nous ici à Chambord un exemple de ce frémissement d’un renouveau dans notre église. Tu rejoins ce groupe important de 10 000 baptêmes ce soir en France et je crois 7000 adolescents. Au point que l’Archevêque de Paris convoque un Concile provincial pour l’accueil de ces nouveaux baptisés.
« Christ est ressuscité ! » Oui mais c’est en secret…
Ressusciter, avec le Christ, c’est prendre un aller sans retour pour quitter définitivement toutes nos tares, nos faiblesses, nos handicaps, nos infirmités.
La résurrection de la chair c’est la transformation de tout l’être, de la personne tout entière, de sa manière d’entrer en relation avec Dieu, avec les autres. La résurrection, c’est bien une nouvelle naissance hors du temps et de l’espace, une sorte de plongeon dans l’Amour incommensurable du Père. Elle est comparable à notre naissance dans ce monde, où après avoir quitté le sein maternel, il n’y a aucune possibilité de retour en arrière !
Il y a à la fois continuité et rupture avec notre vie d’ici-bas. Continuité car c’est la même vie avant et après la mort, et en même temps rupture car la manière de vivre est transformée puisqu’elle est illuminée par la gloire du Père. Après la mort, comme le Christ est resté le même mais autrement, nous aussi nous resterons les mêmes mais autrement.
Croire que Jésus est ressuscité avec son corps, c’est affirmer que toute sa personne a traversé la mort après avoir enduré les atroces souffrances de la Passion. Il est totalement présent à son Père et en même temps à chacune et chacun d’entre nous. Certes il n’est plus visible à nos yeux humains mais c’est précisément pour que tous et chacun nous puissions, avec l’aide de son Esprit, le découvrir par la foi. Ouvrons les yeux de notre âme, inclinons l’oreille de notre cœur. Alors nous l’entendrons murmurer « Oui, c’est moi, c’est bien moi, je suis Vivant, je t’aime »