Emeline nous allons vivre durant ce carême 2025 ici dans notre église de Chambord, les dernières étapes vers ton baptême que nous célébrerons à la Veillée Pascale. L’Eglise t’invite à scruter attentivement ta vie au regard de l’Evangile.  Aujourd’hui c’est avec l’aveugle de naissance à qui Jésus donne la vue d’une manière étrange.  Contrairement à Bartimée, cet aveugle-là ne demande rien à Jésus.

 Question des disciples à Jésus : « qui a péché, lui ou ses parents », pour qu’un tel malheur lui soit arrivé dès sa naissance ?

            Réponse de Jésus :  « Ni lui ni ses parents ! » Dieu n’a pas fait le mal. Dieu n’est pas un pervers qui guetterait nos moindres faiblesses pour nous infliger ensuite un châtiment qui se répercuterait de génération en génération. Jésus le Fils de Dieu, Jésus, vrai Dieu et vrai Homme ne peut pas accepter le mal comme une fatalité à laquelle on ne peut rien. Il va donc d’une manière surprenante mais, oh combien symbolique, faire la même chose que son Père.

 Dieu a créé à partir du néant… Jésus donne la vue, il donne la Lumière à un homme qui n’a jamais vu, qui ne sait pas comment sont les choses. Un homme pour qui les autres êtres humains n’ont ni forme ni visage.

Jésus fait de la boue avec de la poussière.  Comme Dieu créa l’homme à partir de la terre, et insuffla la vie à AdamJésus donne la vie à partir de la poussière de la terre à des yeux inexistants…Il demande cependant à l’aveugle une démarche : « Va te laver à la fontaine de Siloé » C’est l’eau pure, l’eau claire, l’eau de source. C’est l’eau du Baptême qui donne la lumière sur une vie nouvelle, une vie éternelle.

Une vie faite de joies et de peines, de labeur, de difficultés, mais aussi de rencontres fraternelles, d’entraide.  Sur cette terre nul n’échappe à notre condition de mortel. Emeline tu sera un jour appelée à la rencontre face à face avec ce Seigneur qui dès aujourd’hui t’invite à aller te laver à la Fontaine baptismale pour une vie encore plus belle. Une vie appelée à s’épanouir dans une éternité de joie, de Paix, de bonheur que je suis bien incapable de décrire. Nos mots humains sont bien trop pauvres, nos intelligences trop limitées pour exprimer ce qui se passe au ciel ! Mais dans la foi aux paroles de Jésus contenues dans son Évangile je sais, j’affirme, je suis sûr que la vie sur la terre, vécue dans la perspective du ciel vaut la peine d’être vécue. Elle vaut la peine d’être orientée, donnée à Dieu.

Normal, puisque Lui Jésus nous a tout donné. C’est cela l’amour. L’amour est un don. Je me donne à toi, tu te donnes à moi et nous deux ne faisons plus qu’un. C’est ce que tu vas vivre dans le sacrement de mariage.

            Sur cette terre nous sommes d’une certaine façon tous des aveugles. Et en plus nous sommes plus ou moins sourds. Je vais vous raconter une histoire vraie qui m’a permis de comprendre comment nous sommes sur cette terre par rapport à ce que nous serons au ciel.

 Je suis allé il y a bien longtemps avec un groupe d’amis, visiter un établissement de personnes lourdement handicapées à Poitiers. A l’époque on appelait cela un « asile ». Cet établissement public fonctionnait encore avec des religieuses qui travaillaient, et se dévouaient totalement pour mettre un peu d’humanité dans ce lieu retranché du monde. C’est là qu’une, soeur de la Sagesse, congrégation fondée par de Saint Louis Marie Grignon de Montfort et Marie Louise Trichet, nous a fait communiquer avec une femme d’une quarantaine d’années, sourde, muette et aveugle de naissance. Uniquement avec ses mains, cette sœur nous servait d’interprète. Elle nous a permis d’entrer relation avec cette femme. On lui posait une question, avec la main de la sœur.  Elle répondait en se servant d’une machine à écrire, d’une carte en relief ou plus simplement en faisant des gestes avec la main de la sœur, devenue son amie indispensable pour entrer en relation avec le monde extérieur.

            Là, j’ai compris que vis à vis de Dieu, nous étions nous humains, comme cette femme. Nous sommes des sourds, muets et aveugles de naissance vis-à-vis du Royaume des Cieux.

Sots que nous sommes, nous pensons le contraire. Nous pensons tout savoir, tout connaître, tout limiter à nos courtes vues terrestres. Alors que seul le spirituel est réel, nous l’excluons de notre champ de vision pour borner notre regard sur l’horizon rabougri de nos petits intérêts, nos petits profits, nos petits bonheurs passagers…

Qui nous mettra en relation avec Dieu ?

 Mais nous avons tout ce qu’il nous faut…

 Nous avons un guide, c’est l’Eglise.

Nous avons un code, c’est l’Evangile.

Nous avons des moyens ce sont les sacrements.

 Profitons donc de ce Carême pour décider d’entrer en relation avec Lui d’une manière vraie, authentique, durable. Pour cela peut-être faudrait-il nous échapper du bruit qui nous entoure, pour entendre le murmure de sa voix.  Éteignons les lumières artificielles de nos vies trépidantes, tourbillonnantes. Ces néons aveuglent nos vies et nous empêchent de voir la réalité. Quelqu’un cependant se tient humblement à côté de nous.

Il nous murmure « je t’aime. ».   L’entendons-nous ?