« Parole, parole, parole…Toujours des mots, rien que des mots, les mêmes mots ! » Je ne suis pourtant pas un fan de Dalida, mais je les ai tellement entendus seriner ces paroles, paroles, à une certaine époque que même sans le vouloir ils ont fini par m’intoxiquer !

Mais la Parole de Dieu elle, ne nous intoxique pas et ne nous intoxiquera jamais. Bien au contraire je dirais même que c’est un puissant détox que vous pouvez prendre matin, midi et soir sans limite. Vous ne risquerez aucunement de faire une overdose !

Le Père Jacques Loew, fondateur entre autres de l’école de la Foi de Fribourg disait que le Parole de Dieu est faite pour être lue, étudiée, méditée, annoncée. Et il ajoutait « soyons des ruminants de la Parole de Dieu ». Je cite cette phrase de temps en temps car c’est une conviction qui m’habite depuis plusieurs années. Mais si je vous le dis et redis c’est que je crois sincèrement que nous avons besoin de cette nourriture quotidienne autant que de pain !

« Bénissez-moi, pour que je proclame la Parole de Dieu » C’est ce que le diacre dit en venant s’incliner devant le célébrant, évêque ou prêtre avant la proclamation de l’Evangile. Et le célébrant lui répond en donnant sa bénédiction :

 « Que le Seigneur soit dans votre cœur et sur vos lèvres pour que vous proclamiez dignement la Parole de Dieu » Et lorsqu’il n’y a pas de diacre, que le prêtre célèbre seul, il dit : « Purifie mon cœur et mes lèvres Dieu très saint pour que je fasse entendre à mes frères ta Parole ».

            Dans les trois lectures de ce 6ème dimanche ordinaire, nous avons trois acteurs de la Parole qui reconnaissent qu’ils ne sont pas dignes devant l’immensité de Celui qui leur demande d’annoncer sa Parole.

Et nous reconnaissons nous aussi notre indignité, mille fois plus grande que celle de Pierre, Paul et Isaïe chaque fois que nous devons l’annoncer. Ce besoin de prendre un petit temps de préparation avant l’annonce de la Parole de Dieu ne devrait pas être un simple formalisme liturgique, un rite plus ou moins facultatif. C’est, me semble-t-il, une bonne occasion, ce dimanche, que nous prenions tous conscience, vous comme nous prêtres et diacres, vous fidèles baptisés chargés de lire les deux premières lectures et le psaume, que la parole de Dieu doit être préparée, lue, annoncée de manière différente des autres paroles que nous avons l’habitude de lire, d’entendre, de dire dans nos vies quotidiennes.

Dans la première lecture, Isaïe nous fait part de sa vision qu’il date l’année de la mort du roi Ozias, c’est à dire vers 740-750 avant Jésus Christ. Il voit le Seigneur de l’univers qui est bien différent, incomparablement supérieur, et sans commune mesure avec les rois de la terre. Il est entouré de Séraphins qui se crient l’un à l’autre,

« Quadosh » mot hébreu unique pour signifier la triple sainteté de Dieu, traduit en grec par « hagios », en latin par « sanctus, sanctus, sanctus » et en français par « saint, saint, saint ». C’est ce que l’on chante à chaque Eucharistie dominicale. Là aussi peut-être serait-il bon pour notre vie spirituelle, nous qui n’avons pas eu de vision séraphique comme Isaïe, que nous prenions leur place dans nos messes dominicales pour chanter la triple sainteté de Dieu de manière renouvelée !

Oui, Dieu est trois fois saint, c’est à dire « séparé » des bassesses de ce monde. Notre sainteté nous la tenons de Dieu.  L’Eglise pour déclarer une personne sainte, attend qu’elle soit effectivement « séparée » de ce monde de ténèbres dans lequel nous sommes tous plongés pour être immergée dans cette océan d’amour qu’est la sainteté de Dieu. Et bonne nouvelle, nous sommes tous appelés à la sainteté !

« Duc in altum » avance au large, avance en eau profonde dit Jésus à Pierre. Ce que le saint pape Jean-Paul II traduisait librement par « N’ayez pas peur » Oui ne craignons pas de nous avancer dans l’inconnu où le Seigneur nous envoie. « Ne crains pas » fais confiance. Ce que Bernanos exprimait à sa manière en écrivant : « la parole de Dieu sera peut-être accomplie, les doux posséderont la terre simplement parce qu’ils n’auront pas perdu l’habitude de l’espérance dans un monde de désespérés. »

Alors ne désespérons pas, faisons confiance au Seigneur notre Dieu qui nous appelle et nous envoie au large pour annoncer sa Parole.