Qu’on se le dise ! « Il n’y a pas de Noël sans crèche ». N’en déplaise à la Ligue des droits de l’homme !

 On a l’habitude de faire remonter à Saint François d’Assises au XIIème siècle l’institution de la crèche vivante.

Il y a plusieurs manières de regarder la crèche. On peut jeter le regard désabusé du blasé qui a déjà tout vu, sait tout, connaît tout ; On peut avoir les yeux de l’esthète qui va faire le tour de toutes les églises du canton pour rechercher les plus belles réalisations.  Il y a le regard de l’incrédule pour qui tout cela n’est que folklore et enfantillage.

Enfin, il y a les yeux du cœur croyant. Dans l’Enfant Jésus de la crèche il reconnaît jusqu’où est allé l’amour de Dieu pour l’humanité. Il se tourne plein de reconnaissance vers Marie et Joseph en admirant leur foi.

Ce regard du croyant, c’est le mien, c’est le vôtre j’espère.

Ce n’est pas si simple, j’en conviens, d’admettre que dans ce bébé venu au monde il y a deux milles ans dans un coin de Palestine, se trouve résumée toute la Puissance de Dieu. Quel paradoxe ! La Puissance de Dieu dans la faiblesse d’un nouveau-né. La richesse des dons de Dieu dans la pauvreté de la naissance de son Fils. Sa Parole créatrice dans son silence. Sa Gloire dans son humilité.

Il y a tout cela dans la crèche de Bethléem. Mais !  

La naissance du Seigneur Jésus est inscrite dans un moment de notre histoire, c’était il y a un peu plus de 2000 ans, dans une petite bourgade, Bethléem. Mais, Dieu naît encore aujourd’hui. Dieu épouse encore notre histoire. Qui le dira à ceux et celles qui n’en ont jamais entendu parler ? Qui prendra le relais des anges pour le leur annoncer ?

 La naissance de Jésus n’attire pas les foules. En tous les cas chez nous ! C’est vrai que l’on est loin des événements qui font la une de la presse people. A la naissance du Sauveur du Monde il n’y a pas de paparazzi, Le gotha n’est pas convoqué, pour cause, Dieu j’en suis certain n’aime pas les paillettes !  Et pourtant il aime la fête….

Des crèches, en ce jour de Noël il y en a des dizaines de milliers. Il y a toutes celles que nous regardons avec curiosité quand elles sont mises en scène avec de vrais personnages comme j’aimais le faire quand j’étais curé de Salbris. Elles sont dignes héritières des mystères que l’on jouait sur les parvis des cathédrales au Moyen Age.

 Mais toutes les crèches ne sont pas forcément visibles à l’œil nu. Et pourtant Dieu se refait petit enfant en permanence chaque fois qu’un cœur d’homme, de femme, d’enfant accepte de se dépouiller de l’orgueil, de l’avidité, de l’égoïsme qui le ronge. Dieu se refait petit enfant chaque fois qu’un homme, une femme lui ouvre sa vie en le reconnaissant dans le pauvre qui crève de froid pendant que d’autres jouissent au chaud.

 Noël ne peut pas être une fête chrétienne joyeuse si nous n’avons pas le souci de partager. Non seulement de notre superflu mais également de notre nécessaire. A Bethléem, Dieu n’a pas trouvé de chambre confortable pour venir au monde. Il n’y avait qu’une étable et, à défaut de chaleur humaine celle des animaux.

Il en est encore ainsi aujourd’hui. Mais ce n’est pas parce que Dieu n’adopte pas nos manières humaines qu’il faut le mettre sur le banc de touche ! Il a droit à la tribune d’honneur de notre cœur….

  Dieu fuit les honneurs tels que nous les concevons. Il a horreur de l’agitation médiatique. Il n’a pas besoin d’un service de communication qui fomente des coups d’éclat pour faire remonter sa cote de popularité.

Plus exactement, son service de communication ne fonctionne pas selon nos critères !  Reconnaissons cependant que depuis 2000 ans d’existence, il s’en est plutôt bien sorti. Je voudrais bien savoir quel est le parti politique, le mouvement d’opinion, la secte qui dans 2000 ans pourra se glorifier d’être passé d’une petite troupe de douze hommes à plus d’un milliard de croyants ? Qui se rappellera encore des vedettes du show-biz qui aujourd’hui font tomber leurs fans en pâmoison et demain comme tout le monde s’en iront dans la tombe ? Quels sont les hommes politiques d’aujourd’hui qui feront mieux que ceux d’hier ou d’avant-hier ? Eux aussi pourtant promettaient monts et merveilles, le paradis sur terre, le matin du grand soir. Leurs idéologies ont fait long feu …puisque leurs noms sombrent doucement dans les limbes de l’histoire.

 Malgré bien des vicissitudes, en dépit des coups de boutoirs acharnés de tous ses détracteurs, l’Eglise tient bon 2000 ans après la venue de ce petit enfant, en qui Marie et Joseph reconnaissent, les premiers, le fruit de la fidélité de Dieu.

 En cette fin 2024 Dieu, discrètement frappe à la porte de nos cœurs pour y naître. Trouvera-t-il une auberge saturée incapable de lui trouver une place ou une crèche grande ouverte prête à l’accueillir ?   A chacun d’en décider !