3ème dimanche de l’Avent C

Ceux d’entre nous qui ont vécu leur jeunesse dans les années 60 se souviennent certainement de ce tube de Gilbert Bécaud « Et maintenant que vais-je faire, maintenant que sera ma vie ? »  Eh bien ! Cela pourrait être le titre de mon homélie de ce matin… Si la question de Bécaud est le fruit d’une rupture amère qui conduit au désespoir (son amoureuse est partie et la vie lui indiffère…), la question de l’Evangile conduit tout au contraire à la Joie avec un « J ». Puisque l’Évangile est source de vie. D’ailleurs, toute la liturgie de ce dimanche nous pousse à être joyeux et à le manifester. Si vous l’ignorez encore, nous sommes dans l’attente d’un heureux événement !

Cette question, que nous venons d’entendre dans l’évangile de Luc, est celle d’une foule bigarrée. Elle vient se faire baptiser par Jean dans les eaux du Jourdain. Tous ces gens viennent écouter un homme à l’allure austère, un homme à la parole décapante. Un homme dont la rigueur morale indique la direction à suivre pour parvenir au salut. Mais contrairement à ce que l’on peut penser, rigueur ne rime pas avec tristesse, mais au contraire avec joie !  Jean ne mâche pas ses mots. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne tergiverse pas et ne tourne pas autour du pot pour dire à ce peuple en attente du Messie qu’il y a urgence à se convertir.

 Et pour me convertir, maintenant que vais-je faire ? Rien de bien extraordinaire. Faire mon devoir d’état consciencieusement, rien de plus mais rien de moins ! Parmi ces gens qui viennent vers Jean, il y a des pécheurs notoires. Ils veulent mettre leur conscience en règle avec ce Dieu qui à travers la voix du prophète leur a fait signe. Aux collecteurs d’impôts et aux soldats, Jean ne dit pas « quittez votre profession, renoncez à votre métier ». Non, il leur dit : « dans l’exercice de ce métier, soyez justes. Respectez la loi des hommes quand elle est conforme à la loi de Dieu. Et surtout, respectez les hommes, respectez leurs biens, ne les spoliez pas, ne les volez pas ». C’est cela le début d’un chemin de conversion !

            Se convertir, c’est un travail de toute une vie, croyez-en mon expérience ! Nous ne sommes jamais arrivés au but, tant que nous sommes dans cette chair à la fois si belle et si fragile…Je pense que nous ne serons totalement convertis qu’un quart d’heure après notre mort ! Dans l’Art poétique, Boileau nous invite à « Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage, polissez-le sans cesse et le repolissez »

Je pense qu’en ce qui concerne la conversion on peut dire, cent fois, mille fois, dix mille fois, remettez-vous à l’ouvrage, sans vous décourager. Inlassablement retournez-vous vers Celui qui vient à vous et à qui vous tournez tant de fois le dos pour vous précipiter vers des idoles de fabrication humaine. Des idoles inertes qui ne peuvent nous sauver et nous procurer la Vie éternelle. Ou des idoles de chair et d’os qui se flétrissent tôt ou tard ! C’est sans cesse qu’il nous faut nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu pour entendre ce que nous devons faire pour accorder notre vie à la Vie de Dieu. Pour accorder notre cœur au cœur de Dieu.  Vous qui êtes mariés, en couple, fiancés, vous êtes encore amoureux j’espère, vous savez bien que pour que l’amour rime avec toujours, c’est tous les matins qu’il faut être attentif à celui ou à celle avec qui on a décidé un jour de donner la vie. Il ne faut pas simplement lui dire « Je t’aime » Il faut le prouver !

Dans le mariage, c’est ensemble que nous cheminons vers la Vie éternelle. En Eglise, c’est ensemble avec nos différences que nous cheminons vers la Vie de la Cité de Dieu. Car dans nos existences humaines il n’y a pas d’autre but que celui-là. .Marcher sur les chemins parsemés d’embûches qui nous conduisent tous dans la Cité de la Joie !  C’est cela le ciel de Dieu. Je ne peux pas imaginer le Paradis autrement que comme un état où nous serons dans une joie parfaite, débarrassés de toutes les scories de nos désirs humains étroits et bornés.

            Alors, quand on réalise cela, on est déjà sur le bon chemin de la conversion et on a envie de pousser des cris de joie avec le prophète Sophonie. On a envie de danser (même si certains prédicateurs du 17ème siècle se sont insurgés contre la danse !)  Danser avec Dieu, danser pour Dieu. Exulter pour Lui comme David devant l’Arche, comme Marie à la visite de l’Ange.

            Même si certaines de nos vies sont plus éclaboussées par les malheurs à répétition que par les bonnes nouvelles, le début de la conversion est de ne pas sombrer dans le désespoir qui pousse certains hélas à des gestes irréparables ! Mais peut-être que préparer Noël dans la joie pour ceux et celles d’entre nous qui n’ont pas de problèmes immédiats c’est se soucier de nos frères humains que la vie n’épargne guère.

Alors sachant cela maintenant que vais-je faire ?