Voici une page d’Evangile archi-connue. Tout au moins pour ceux d’entre nous qui fréquentent régulièrement l’Eglise et prennent le temps d’ouvrir de temps en temps l’Evangile pour préparer l’Eucharistie dominicale.
Alors comme chaque fois qu’il s’agit d’un passage comme celui-ci, nous nous demandons, et je me demande, qu’est-ce que l’homélie pourra bien apporter de nouveau sur le sujet ? Que va pouvoir dire le prédicateur pour commenter et redonner de la saveur à ce texte qui (comme tout l’Evangile d’ailleurs) est fait pour nourrir notre foi et nous aider à nous convertir un peu plus chaque dimanche !
J’en étais là de mes réflexions, à moitié somnolant, à moitié méditant, assis sur un banc dans le fond de l’église quand j’ai vu entrer une vieille femme, vêtue pauvrement. Elle m’a sorti de ma méditation somnolente. Elle est allée passer quelques minutes devant le saint sacrement, puis après s’être profondément et respectueusement inclinée face au tabernacle, elle s’est dirigée vers le tronc des cierges, a cherché dans le fond sa poche de la monnaie, elle a compté et recompté, il y avait juste de quoi faire brûler un cierge devant la statue de la Vierge Marie.
Je me suis dit qu’elle ferait mieux de garder son argent pour elle. J’ai donc décidé de le lui dire !
« Est-ce bien raisonnable ce que vous venez de faire ? Visiblement vous n’avez pas d’argent et vous dépensez le peu que vous avez, pour brûler un cierge. D’accord c’est pour la Vierge Marie, mais quand même ! Il faut penser un peu à vous.
Vous n’avez jamais lu dans l’Evangile, me répondit-elle, cette Parole de Jésus : « Là où est ton trésor, là aussi est ton cœur » Et bien mon seul et unique trésor c’est Jésus et sa mère. Je lui ai effectivement donné tout ce que j’avais en menue monnaie dans le fond de ma poche, mais là n’est pas l’essentiel. Ce n’est pas de brûler des cierges, ni même de l’argent qu’il nous demande. C’est notre cœur. Il n’a que faire de nos billets de banque, de nos gestes ostentatoires de dévotion. Ce qu’il nous demande c’est de lui donner avec sincérité le meilleur de nous-même, car lui nous a tout donné.
Un jou, pour aller le rejoindre au ciel, où il est monté à l’Ascension, notre argent ne nous servira à rien. Il nous faudra laisser toutes nos richesses, notre notoriété, nos propriétés, nos apparentes largesses. Tout, tout, il faudra tout laisser Vous n’avez jamais lu dans la Bible, « sorti nu du ventre de ma mère nu je m’en retournerai » Pour vivre vraiment, et être heureux dès ici-bas, n’attachez d’importance et ne recherchez que ce qui en vaut la peine.
En l’écoutant, je me suis dit que décidément cette veuve était bien savante des choses de Dieu alors je me suis enhardi pour en savoir plus. Alors elle a continué.
Vous désirez vraiment aller où il vit dans la Gloire de Dieu son Père au ciel, me dit-elle, alors écoutez :
On peut aller au ciel sans la santé du corps. Bien sûr, il y a sur cette terre de grandes souffrances physiques qu’il faut soulager. Votre corps… il faut en prendre soin, le respecter, le soigner, mais vous ne devez pas l’idolâtrer !
On peut aussi aller au ciel sans être savant. Sans avoir de diplôme, sans savoir lire ou écrire. La seule chose qu’il vous faut connaître, rechercher et aimer, c’est la volonté de Dieu. Il faut la lui demander chaque jour en plus de votre pain quotidien. « Que ta Volonté soit faite ».
On peut aller au ciel sans la célébrité. Qui se rappellera de vous dans cent ans ? Vous y avez songé ? Et les hommes soi-disant célèbres, qu’est-ce que leur célébrité leur apporte là où ils sont maintenant ? La Joie, la Paix, la Lumière éternelle, ils ne les ont pas obtenues grâce à leur importance, leur suffisance, ou leur renommée ici-bas.
Vous faites grand cas aussi de la beauté n’est-ce pas ? La beauté physique s’étale sur les écrans de télévision. On loue la beauté à pleines pages de magazines. On affiche et on exhibe des corps jeunes, plus ou moins vêtus, plutôt moins que plus. Mais avez-vous pris le temps de réfléchir réellement sur ce qu’est la vraie beauté ? Celle qui se lit dans les yeux de ceux qui ont le cœur pur. Leurs yeux reflètent la beauté de leur âme où Dieu est chez Lui. Là est la vraie beauté que vous conserverez dans l’éternité.
Et la culture ? Vous êtes fiers de votre culture, vous avez même un ministère de la Culture mais vos gouvernants ont refusé que l’on inclue dans la charte européenne la référence aux vingt siècles de christianisme qui ont forgé votre histoire. Et cela vous laisse indifférents !
Et il y a bien mille autres choses qui vous semblent toutes plus importantes les unes que les autres et qui ne vous sont d’aucune nécessité pour préparer votre vie éternelle.
Mais je vais vous livrer un secret. Vous pouvez très largement le divulguer !
Pour aller au ciel, vous ne pouvez pas vous passer de Jésus- Christ. Un jour dans le Temple de Jérusalem assis face à la salle du Trésor, observant les gens qui mettaient de l’argent dans le tronc, il a dit à ses disciples médusés « En vérité je vous le déclare, cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres qui ne donnent que leurs superflus, car elle a pris sur sa misère pour donner tout ce qu’elle possédait »
Et bien chers amis, je vous souhaite de rencontrer cette femme. Elle ressemble étrangement à cette veuve dont nous parle l’Evangile de ce jour. A moins que ce ne soit celle de SAREPTA !
Elle est sortie tout droit de mon imagination ou de ma méditation, je ne sais. Peut-être les deux à la fois ! Mais j’ai la conviction que c’est elle aujourd’hui encore qui nous conduit à l’essentiel : « Le Cœur du Christ ». Il a été ouvert, il y deux milles ans, dans un coin de Palestine, par la stupidité, l’égoïsme, l’étroitesse d’esprit d’hommes et de femmes ni meilleurs, ni pires que nous. Revenons au cœur du Christ comme nous y invite le Pape François dans sa dernière encyclique.
Il ne se refermera qu’à la fin des temps quand il reviendra pour juger avec Amour chacun de ceux qui lui auront donné un peu de temps pris sur leur loisir, un peu de pain pris sur leur ration quotidienne, et réservé un peu d’affection dans le réseau de leurs amitiés.