Commençons si vous le voulez bien par relire rapidement ensemble l’extrait du Deutéronome qui nous est proposé dans la première lecture de ce 31ème dimanche. Que dit Moïse au peuple ? « Tu craindras ». Qui ? le Seigneur ton Dieu. Je vous fais remarquer qu’il ne dit tu auras peur de ton Dieu, mais « tu craindras ». Il s’agit d’une crainte de l’amoureux qui a peur de blesser, de faire du mal, de ne pas correspondre à celle qu’il aime. Il ne veut pas décevoir.
En conséquence, « tu observeras » les décrets et commandements que je te prescris aujourd’hui. Ils sont donnés pour ton bien, pour que tu sois heureux, pour que tu puisses vivre en paix avec tes semblables de nombreuses années.
Tu « écouteras ». Là, il me semble qu’il faut faire un temps d’arrêt. C’est le verbe qu’il nous faut retenir même si l’on ne se souvient plus des autres. Savez-vous qu’avec « ne crains pas ou n’aie pas peur », « écouter » est l’occurrence la plus répétée dans la Bible. On compte 365 fois ce verbe conjugué de plusieurs manières. Il y en a autant que de jours dans une année ! Et pour ceux et celles qui fréquentent régulièrement la messe dominicale de l’église saint Louis de Chambord vous savez que c’est le verbe utilisé par saint Benoit au début du prologue « Ecoute mon fils… » En latin « auscultare » écouter avec attention, obéir. Voila qui nous renseigne sur la manière dont Dieu veut que nous l’écoutions.
« Tu veilleras » à mettre tout cela en pratique. Ecoute Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. « ‘Shema Israël Adonaï elohenou »
Et « tu aimeras » le Seigneur ton Dieu de tout cœur, de toute ton âme et de toute ta force » Les commandements que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur. Et ce n’est pas dans le texte de la lecture de ce jour, mais le Deutéronome poursuit en invitant l’Israelite fidèle à être actif en faisant ce que Dieu lui prescrit par la voix de Moïse :
Tu les enseigneras à tes enfants. Tu en parleras quand tu seras assis chez toi, quand tu marcheras sur la route, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras.
Pour ne pas les oublier, tu les attacheras sur ton bras et sur ton front.
Tu les écriras sur les montants de la porte de ta maison »
Et qu’est-ce qui se dit dans le dialogue entre Jésus et le scribe qui vient lui demander quel est le plus grand commandement ? Le premier commandement « Ecoute, Israël… » Mais Jésus ajoute et c’est vraiment fondamental : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » Cela n’est pas facultatif. Il n’y a pas de commandements plus grands que ces deux-là.
Aimer Dieu, aimer son prochain voilà ce que nous devons retenir pour vivre notre foi chrétienne. Mais il ne suffit pas de le savoir par cœur, ni même de le prêcher. Il faut le vivre. Il faut que l’on puisse dire en nous regardant vivre : « Voyez comme ils s’aiment et comme ils nous aiment ! »
Et les prêtres, les diacres devraient être sur ce plan des exemples. Je me souviens d’un évêque dont je tairai le nom qui disait en parlant des prêtres de son diocèse : « Ils doivent certainement s’aimer mais ils ne savent pas se le montrer ! »
Cette note d’humour grinçant est révélatrice des difficultés que nous rencontrons les uns et les autres pour donner chair à la Parole de Dieu. Il me semble que c’est sur l’amour que nous aurons les uns pour autres que nous serons jugés. Quand nous paraitrons devants Dieu et qu’en un instant notre vie défilera sous nos yeux la seule question que Dieu nous posera sera : « Est-ce que tu as aimé, est-ce que tu t’es laissé aimer ? »