La nuit dernière j’ai fait un rêve étrange… Mon ange gardien est venu me chercher pour me montrer le Paradis ! Il m’a dit : « Sur terre, vous pensez que devenir saint c’est réservé à une élite ! Viens, suis-moi tu vas être surpris » ! 

Pour être surpris je fus surpris ! Que de rencontres inattendues ! Bien sûr, pendant que j’étais dans ce havre de paix, de douceur, de lumière, qu’aucun mot humain ne peut décrire, j’ai rencontré des notabilités connues, ces géants de la sainteté. Les derniers arrivés, Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul Ier, Jean-Paul II, Mère Térésa, Martin Luther King, et la petite dernière Sœur Emmanuelle, encore toute étonnée… Rien d’extraordinaire à les trouver là, mais dans la foule immense des anonymes j’ai reconnu des gens simples, qui n’ont jamais fait la une des magazines catho. spécialisés. Des gens ordinaires.  Il y avait là rayonnant de joie, des amis, des personnes de ma famille. Je ne me faisais pas vraiment de souci sur leur avenir éternel, sachant la manière dont ils avaient vécu, mais tout de même, je fus, soulagé de les savoir arrivés à bon port.

Par contre, que pouvait bien faire là, et, en bonne place s’il vous plaît, ce bouffeur notoire de curés ?  Il n’a pas arrêté durant sa vie de dénigrer l’Eglise. Et cette femme à la vertu, disons plus que légère, comment a-t-elle pu s’y prendre pour se tenir parmi les auréolés ! Et encore   celui- ci qui disait qu’il ne croirait en Dieu que s’il le voyait en face de lui. Et celle-là qui préférait faire son jogging dominical plutôt que d’aller à la messe. Et toute cette foule bigarrée dont je me suis souvent demandé en quel Dieu elle pouvait bien croire ?

Je prêche l’amour de Dieu mais tout de même ! J’étais même un peu choqué d’en voir certain…C’était bien la peine de se donner tant mal à être chrétien si tous ces mécréants pouvaient prétendre eux aussi à la joie du Paradis. Alors, l’ange me murmura : « Tu médites la Parole de Dieu tous les jours ? Cela ne te réjouis pas de les voir sauvés ? Tu n’es pas heureuxde la Bonté de Notre Père du ciel ? Il fait grâce et miséricorde même aux plus récalcitrants. Il accorde largement son pardon à tous ceux qui du fond de leur cœur reviennent vers Lui ; même si c’est à la dernière seconde de leur vie au moment du grand passage. Ils ont reconnu leurs faiblesses et demander sincèrement pardon »

Heureux, le mot était lâché.  Et je me suis réveillé ! Les béatitudes, c’est donc cela…oui, d’une manière ou d’une autre toute cette foule immense que nul ne peut dénombrer, tous ces gens que je juge d’après mes critères humains, à un moment ou à un autre de leur existence ont vécu une ou plusieurs des béatitudes. Cela a pesé lourd dans la balance. J’ai réalisé alors qu’un saint n’est pas quelqu’un de parfait. C’est quelqu’un qui tombe et se relève, retombe et se relève encore, c’est quelqu’un qui ne se considère jamais arrivé. On ne naît pas avec une auréole au berceau comme certains avec une petite cuillère en argent dans bouche !

Désirer être saint, ce n’est pas rêver qu’un jour votre statue en plâtre sera mise dans une niche d’église. Personnellement je ne suis pas trop tenté de me retrouver figé pour l’éternité dans un musée Grévin ecclésiastique ! Mais je désire, comme tout chrétien devrait le désirer, devenir un saint comme tous ces anonymes vus en rêve ! C’est à notre mesure. Il suffit de considérer que nous le sommes déjà depuis le jour de notre baptême puisque nous avons reçu ce jour-là en nous la Vie éternelle du Dieu vivant. Pour nous prouver son amour, Il s’est fait un jour du temps l’un de nous…

Si j’ai quelque peu altéré cette Vie déposée en moi par mon insouciance, mes négligences et souvent par ignorance, si je suis prisonnier de mon orgueil, de mes peurs, Dieu m’attend, Il m’accueille, Il me redonne sa force et courage. Si, d’une manière ou d’une autre, on a voulu me nuire et que j’ai quelque temps perdu espoir et douter de sa bonté, Il me dit qu’il n’est jamais trop tard pour me jeter dans bras. Ne doutons pas de sa Miséricorde. Il a dit :« Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ». Croyons et espérons !

Être sainte, être saint c’est vivre tout simplement, de manière ordinaire chaque instant de notre vie, sans trop nous prendre au sérieux. Comme Joseph Folliet, un des fondateurs du Journal la Vie, actualisons les béatitudes et disons avec : «  Bienheureux ceux qui savent rire d’eux-mêmes. Ils n’ont pas fini de s’amuser » « Bienheureux ceux qui sont capables de toujours interpréter avec bienveillance les attitudes d’autrui même si les apparences sont contraires : Ils passeront pour des naïfs, mais la charité est à ce prix » « Bienheureux ceux qui savent se taire et écouter : ils en apprendront des choses nouvelles ! » 

Pour préparer votre billet d’entrée au Paradis, ce n’est pas la peine de se mettre martel en tête, vivons les béatitudes, méditons-les, réécrivons-les pour nous. Quelle joie quand ce sera pour nous le moment du grand passage. Tous nos amis les saints viendront nous accueillir dans les demeures de Dieu préparées pour nous de toute éternité