La Parole de Dieu lue et méditée quelques instants chaque jour finit par porter du fruit. Et un fruit parfois qui à l’aspect peut paraître rebutant ! C’est ce que signifie la lettre aux Hébreux quand elle dit : « la Parole de Dieu est plus coupante qu’une épée à deux tranchants ». Oui c’est vrai, la Parole nous bouscule, elle perturbe nos habitudes et nos certitudes tirées de la bien « pensance » du monde !  Nous en avons un bel exemple avec l’évangile de ce jour.

Pendant toute la période de l’Ancien Testament, Dieu a parlé à son peuple en se servant d’hommes et aussi de femmes. Comme ils n’ont pas été toujours très bien entendus ni très bien compris, Dieu a donc décidé de venir lui-même en envoyant son Fils.  Jésus est Parole vivante de Dieu. Ce qu’Il dit, ce qu’il vit nous concerne tous sans aucune exception. Aujourd’hui c’est bien à nous qu’il s’adresse dans l’Evangile que l’on vient d’entendre.

« Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel, puis viens, et suis-moi ». « Mon Dieu que tu es exigeant ! »  Et pourtant…

Nous avons dans l’Evangile de ce jour, le type même du « jeune homme bien sous tous rapports, le gendre idéal ! Aujourd’hui on dirait : « Il ne boit pas, il ne fume pas, il ne drague pas ! » Il ne cause que si on l’interroge !!! Ses parents sont fiers de lui. Il les respecte. Il va à la messe le dimanche, il est honnête et pour rien au monde ne détournerait le moindre centime. Il respecte les jeunes filles et n’a jamais eu une parole ou un geste déplacé envers aucune femme. Il vient se confesser régulièrement, il respecte les commandements de Dieu et les prescriptions de l’Eglise. Bref, il n’y a rien à dire de lui.  Il fera un bon époux, un bon père de famille.  Jésus l’aime. Mais, ne pourrait-il pas faire un pas de plus dans le service des autres et de l’Eglise ?  S’est-il sérieusement interrogé sur sa vocation ? Est-il prêt à tout quitter pour suivre Jésus et devenir l’un de ses disciples au service de son Eglise ?

 Sur ce point-là ça coince ! Ses parents vont lui laisser un bel héritage. Il a fait d’excellentes études et se destine à une brillante carrière. L’avenir qui s’ouvre devant lui est humainement radieux.  S’engager sur le chemin où le Seigneur Jésus l’invite le laisse perplexe… Il y a trop à quitter !

En faisant la vaisselle ensemble lors d’une retraite dans un monastère, un jeune dominicain, fils de bonne famille, m’a raconté son entrée dans la vie religieuse. Sorti dans la botte de l’école polytechnique il est promis à une brillante carrière, mais depuis longtemps la vie religieuse s’impose à lui comme une évidence. Lorsqu’il a déclaré à ses parents qu’il rentrait chez les dominicains, son père est entré dans une colère noire ! C’est l’illustration de l’anti jeune homme riche de l’Evangile !

Et pourtant quand on y réfléchit bien, Jésus ne demande pas l’impossible. Il demande juste de ne pas se tromper sur l’essentiel, sur la seule chose qui compte : la vie éternelle ! Que faisons-nous de notre âme durant notre vie ? Surtout n’allez pas croire que Jésus condamne sans distinction ceux qui ont des richesses. Lui-même durant sa vie publique sur la terre de Palestine, a eu des amis qui étaient riches et même très riches. « Jésus n’est pas le premier et le plus grand des socialistes il nivele par le bas » comme disait mon grand-père !

 Jésus, au contraire, fait l’éloge de ceux qui ont su ne pas s’attacher à leur richesse. Il encourage ceux et celles qui mettent leurs richesses à sa disposition pour secourir les pauvres. Lazare en est l’exemple le plus parfait.  « A quoi sert à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre le seul bien véritable, son âme faite pour la vie éternelle… » Cf. Matthieu 16, 6 Dans l’Evangile que l’on vient de lire, ce brave jeune homme riche demande : « Que faut-il faire pour AVOIR la vie éternelle ? »

La réponse est claire : « Ne pas s’attacher aux richesses de la terre quel qu’elles soient » car il faudra bien les quitter un jour.

Le 12 juillet 2015, en pleine période estivale, le Pape François a parlé à des jeunes et notamment du choix qu’un jour, chacun doit faire de sa vie. Voici quelques extraits de ce qu’ils leurs disaient : « Avec qui veux-tu jouer dans la vie ? » En bon Jésuite qu’il est, le Pape utilise ce que disaitsaint Ignace : « le démon, pour recruter des joueurs, promet à ceux qui joueront avec lui, richesse, honneurs, gloire, pouvoir. Ils seront célèbres. Ils seront tous exaltés comme des dieux. »

De l’autre côté, Jésus dans l’Evangile : « ne nous promet pas les étoiles, Il ne nous promet pas d’être célèbres, au contraire, a expliqué le pape. Il nous dit que jouer avec lui, c’est une invitation à l’humilité, à l’amour, au service des autres. Jésus ne nous ment pas. Il nous prend au sérieux. »

            Dans la vie il faut choisir, explique le Pape François. Il y a d’un côté celui qui dans la Bible est appelé : « le père du mensonge qui promet, ou plutôt, te fait croire qu’en faisant certaines choses tu seras heureux et par la suite tu te rends compte que tu courais après quelque chose qui, loin de te procurer le bonheur, t’a fait te sentir plus vide, plus triste… Il te fait désirer les choses dont il ne dépend pas de lui que tu les obtiennes ou pas. Il te fait mettre ton espérance en quelque chose qui ne te rendra jamais heureux. C’est cela son procédé, c’est cela sa stratégie. Parler beaucoup, offrir beaucoup et ne rien accomplir. »

Par contre Jésus « ne nous vend pas d’illusions, il ne nous promet pas de choses apparemment grandes », continue le Pape François. « Il ne nous dit pas que le bonheur sera dans la richesse, le pouvoir, l’orgueil. Tout le contraire ! Il nous montre que le chemin est autre… Il nous montre un chemin, qui est vie, qui est vérité ». 

« Jésus sait que le vrai bonheur, c’est d’être sensible, d’apprendre à pleurer avec ceux qui pleurent, d’être proche de ceux qui sont tristes, d’épauler, d’embrasser. Celui qui ne sait pas pleurer, et par conséquent ne sait pas rire, ne sait pas vivre »,

Faisons cela et nous Vivrons !