Vous connaissez tous ce dicton populaire « l’argent ne fait pas le bonheur mais il y contribue » et Jules Renard de poursuivre en disant « alors rendez-le ! »  Eh bien contrairement à ce que l’on pourrait penser en examinant de près la lettre de saint Jacques, elle ne dit pas le contraire !

Ce que l’Apôtre condamne, ce n’est rien d’autre que de mettre son cœur dans ses richesses en se détournant de Dieu et en utilisant ses richesses égoïstement pour satisfaire son propre bien-être, tout en méprisant celui des autres. « Là où est ton trésor là aussi sera ton cœur » nous dit Jésus au chapitre 6 de l’Evangile de Matthieu. Et c’est bien là le danger des richesses accumulées pour elles-mêmes…avec ironie Feydeau dans l’une de ses pièces dit que si l’argent ne fait pas le bonheur on se demande bien pourquoi les riches y tiennent tellement !  Le cœur de l’homme se détourne de l’amour de Dieu et de celui de ses frères, il oublie que « Nus, nous sommes sortis du ventre de notre mère, nus nous retournons à la terre » Job Ch. 1.

            Un sondage réalisé et publié en 2021 révélait que la France se trouve dans le Top 10 des pays les moins croyants au monde, un de plus me direz-vous, oui mais celui-là devrait nous inquiéter. 51 % des Français déclarent ne plus croire en Dieu ; alors qu’ils étaient aux environs de 30 % dans les années 1947…Et 6% seulement déclarent être catholiques pratiquants ! La nature ayant horreur du vide il faut bien remplacer Dieu par autre chose et, l’argent pour beaucoup, est devenu un dieu, une idole…Je me souviens de ce paysan auvergnat qui disait, la main sur le cœur, montrant son portefeuille : « Mon dieu il est là ! »  

C’est là un des grands scandales de notre époque, les richesses inouïes de quelques-uns face à la détresse immense de la multitude. Alors écoutons Jésus dans l’Evangile de ce dimanche.

            « Si l’un de tes membres est pour toi une occasion de scandale, coupe-le, mieux vaut pour toi parvenir « estropié » dans la vie éternelle plutôt qu’entrer avec tous tes membres dans la géhenne » !

            Qu’est-ce donc que cette fameuse géhenne dont Jésus menace les auteurs de scandale ?  C’est une décharge publique aux abords de Jérusalem où brûlaient en permanence les ordures, les détritus de la ville. Mais à l’origine c’était le lieu où les idolâtres venaient sacrifier des enfants. C’est là que se pratiquaient les infanticides rituels… Et bien c’est là que Jésus expédie les personnes de son temps qui font chuter les petits, les faibles, tous les sans grades, les méprisés. Ceux dont on pense qu’ils ne méritent pas de vivre…

            Et quels sont les scandales ? Jésus nous le dit de manière très claire : « Tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, sont une occasion de « chute » pour un seul de ses petits qui croient en moi. » Et les scandales sont nombreux…Quelques exemples :

La liste peut se poursuivre à l’infini, il y a bien d’autres scandales. Comme ceux qui nous atteignent directement nous catholiques. Je veux faire allusion ici à tous ces prêtres, religieux, éducateurs qui se sont rendus coupables de crimes contre des enfants, des jeunes qui leurs étaient confiés. Ces malades pervers ont fait du mal à l’Eglise corps du Christ. Ils l’ont blessée.

Pour guérir la communauté atteinte dans les plus petits, les plus faibles, Jésus donne un moyen radical : « Couper ». C’est-à dire exclure, amputer, excommunier, mettre hors de la communion de l’Eglise et hors d’état de nuire jusqu’à résipiscence. 

Prions donc ce matin pour qu’ici à Chambord nous sachions nous examiner afin de couper en nous et autour de nous toutes les occasions de scandales d’où qu’ils viennent. Après nous serons peut-être moins exigeants vis-à-vis de ceux qui selon nos normes morales ne vivent pas tout à fait dans les règles édictées par le droit canonique !

L’Evangile prime sur le droit ou pour le moins l’interprétation que nous en faisons !