Le psaume 114 que la liturgie nous propose pour ce dimanche est une petite merveille. Je l’aime particulièrement tout simplement parce que malgré mes péchés Dieu notre père « incline vers moi son oreille » Je vous recommande de prier avec ce psaume. Il y a quelques psaumes comme celui-là que nous devrions connaître par cœur. Tous les dimanches nous avons entre les deux premières lectures un extrait d’un psaume ou un psaume presque en entier comme aujourd’hui par exemple.
Il y eut une période après le Concile Vatican II où certains célébrants se sont crus autorisés à remplacer les psaumes par des petites chansonnettes ! Heureusement ce temps est derrière nous. Nous sommes revenus à la Parole de Dieu dans nos célébrations, en respectant la liturgie. Si le psaume est placé entre la lecture d’un extrait de l’ancien testament et un du nouveau c’est effectivement pour signifier qu’il y a une continuité et un achèvement des promesses contenues dans l’A.T.
Il y a dans la Bible, 150 psaumes et les chrétiens dans leur immense majorité sont loin de pouvoir dire comme André Chouraqui : « Nous naissons avec ce livre aux entrailles, un petit livre : 150 poèmes, 150 miroirs de nos révoltes, de nos fidélités, de nos agonies, de nos résurrections »
Et le Pasteur allemand luthérien Dietrich Bonhoeffer mort en camp de concentration en 1945, écrivait, pour sa part « …quiconque commence à prier les psaumes sérieusement et régulièrement « ne tardera pas à abandonner ces autres petites prières, faciles et pieuses, en avouant elles n’ont pas de saveur, la force, la chaleur et le feu que je trouve dans le psautier; elles sont trop froides » et il ajoutait « Nous ne devons pas effectuer un choix quelconque, selon nos goûts, car ce serait faire déshonneur au livre de prières de la Bible et prétendre savoir mieux que Dieu lui-même ce que nous devons prier. Dans l’Eglise ancienne, il n’y avait rien d’exceptionnel à connaître par cœur tout « son David ». Dans une église orientale c’était une condition pour accéder au ministère ecclésiastique. Saint Jérôme, père de l’Eglise, raconte même que de son temps, on entendait chanter les psaumes dans les champs et les jardins. Le psautier faisait partie intégrante de la vie de la jeune chrétienté. Mais le fait que Jésus soit mort en croix avec, sur les lèvres, des paroles de psaume, est plus important encore.
En perdant le psautier, une communauté chrétienne perd un trésor incomparable ; en le retrouvant, elle gagne des forces insoupçonnées. Le chrétien qui prie avec les psaumes prie avec toute l’Eglise, avec nos pères qui nous ont précédés dans la foi et qui ont prié avec les psaumes. Nous avons dans les 150 psaumes toute la gamme des sentiments qui habitent le cœur humain.
Nous poursuivons donc ce dimanche notre réflexion de dimanche dernier sur l ’écoute de la Parole de Dieu. L’initiative de l’écoute de la Parole n’est pas due à un quelconque mérite ou effort de notre part. C’est Dieu lui-même qui a pris l’initiative. C’est lui qui nous a donné la vie, c’est lui qui nous a ouvert l’oreille et c’est lui qui prend notre défense nous dit le prophète Isaïe. Il nous faut être des « écoutants » . Si d’aventure nous méritons les reproches cinglants de Saint Jacques contenus dans le court extrait de la seconde lecture c’est que nous n’avons pas réellement écouter la Parole de Dieu et notamment l’Evangile ! Faisons donc tout pour montrer que notre foi n’est pas morte.
Si d’aventure elle s’est attiédie demandons à Dieu d’ouvrir « l’oreille de notre cœur » comme le demande Saint Benoît dans sa règle. Il est certain que lorsque nous « ruminons » l’Evangile, nous conservons en mémoire les paroles de Jésus. C’est Lui qui nous parle aujourd’hui. L’évangile de saint Marc que nous venons d’écouter attentivement, peut dans un premier temps nous surprendre. Si nous le méditons, nous allons vouloir éviter le reproche très sévère que Jésus adresse à Saint Pierre. Dans un premier temps il est reconnu fidèle à l’écoute de l’Esprit Saint. C’est lui, l’Esprit qui lui inspire de reconnaître en Jésus le Messie. Et dans la seconde suivante Pierre se laisse tenter par l’esprit du mauvais. Là, l’inspiration, n’a rien à voir avec la volonté divine du salut de l’humanité ! Sous des apparences trompeuses, le malin tente toujours de faire échouer les hommes dans leurs entreprises qui peuvent apparaître aux yeux du monde comme hautement louables et qui en réalité visent à déstabiliser l’œuvre de Dieu !
Peut-être pourrions-nous prendre cette semaine la résolution de ne rien entreprendre sans avoir au préalable demandé à l’Esprit Saint de venir au secours de notre faiblesse pour nous conformer dans nos prises de décision à la volonté de Dieu. Même dans les petites choses du quotidien !
Bonne et sainte semaine