Le pain est l’aliment ancestral de base commun à de très nombreux peuples sur la terre. Mais combien de personnes en manquent cruellement ? Combien par contre le gaspille ?  Lorsque j’étais enfant mon père qui nous distribuait le pain avant chaque repas, ne l’entamait jamais sans avoir fait au préalable le signe de croix dessus avec son couteau. Nous ne pouvions pas quitter la table sans son autorisation mais surtout sans avoir terminé jusqu’à la dernière bouchée de pain. « Le pain se respecte, disait-il, il nous faut travailler pour le gagner ». C’était d’une certaine manière son « bénédicité » à lui qui n’a jamais usé ses fonds de culottes sur les bancs des églises !

            A travers ce souvenir très personnel, je souhaite que les uns et les autres nous redécouvrions l’importance du pain dont Jésus s’est servi pour faire Eucharistie. Rendre grâce à Dieu son Père et Notre Père qui nous nourrit d’une nourriture qui nous ouvre à sa vie éternelle. « Notre pain quotidien » que nous demandons chaque jour en priant le « Notre Père ».

            Relisons le début de l’évangile de ce jour, et ne passons pas trop vite sur le petit dialogue qui s’instaure entre la foule et Jésus.

            « Rabbi quand es-tu arrivé ici ? » réponse de Jésus. « Amen, amen je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés. Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle… »

            Certes nous avons besoin de pain, et Jésus ne le nie pas bien au contraire. Mais il me semble que dans ce passage comme dans tout l’Evangile d’ailleurs Jésus nous entraine à sa suite pour obtenir le meilleur. : « la Vie éternelle »

            Nos yeux sont tournés actuellement vers les performances des athlètes des jeux olympiques, et je ne boude pas mon plaisir, comme beaucoup d’entre vous je pense, d’applaudir aux performances françaises qui nous valent un bon nombre de médailles. Le dépassement de soi pour obtenir une médaille, en or de préférence mais l’argent et le bronze ce n’est pas non plus, certes est louable ! Saint Paul l’a souligné dans sa première lettre aux Corinthiens au chapitre 9.  Il en a profité pour les inciter à courir afin d’obtenir la couronne qui les mettra sur le podium de la vie éternelle ! Des Jeux, oui certes sans pour autant mettre de côté et négliger la vie spirituelle, la vie de la grâce, la vie avec Dieu et pour Dieu comme le font certains athlètes d’ailleurs !

            A quoi pensent les organisateurs des Jeux, les supporters durant cette grande manifestation sportive ? Nous ne sommes dans le cœur et l’esprit de personnes et n’avons pas à porter de jugements péremptoires ! Mais, si nous regardons objectivement ce qui se vit, ce qui se passe dans nos sociétés occidentales et surtout en France, laïcité oblige, Dieu est invité à rester au vestiaire. Nous ne pouvons que faire nôtres une partie de la théorie du « désenchantement du monde » du sociologue protestant Allemand Max Weber. Il a utilisé cette expression en 1917 « le désenchantement du monde » pour signifier le recul des croyances religieuses. Certains commentateurs politiques d’aujourd’hui parlent eux, du recul de la transcendance pour éviter de nommer la perte de la foi en occident comme le fai0020t par contre courageusement la journaliste musulmane franco-tunisienne Sonia Mabrouk qui appellent les chrétiens à reconquérir le sacré.

Alors est-ce que nous ne cherchons Jésus que lorsque nous avons besoin de Lui pour obtenir un bien matériel ? Est-ce que nous ne le supplions que lorsque nos intérêts matériels sont en péril ? Nous recourons peut-être parfois à Lui pour l’obtention de quelque chose d’immédiat et de très personnel au mépris des intérêts des autres, du bien commun ! « Vous me cherchez parce que vous avez été rassasiés ! » Donc rien de nouveau sous le soleil… les hommes restent ce qu’ils sont !

            Quelles attitudes adopter alors pour réévangéliser notre vieux continent ? Ecoutons le Bon Pape Jean XXIII en 1962 à l’ouverture du Concile : « Dans le cours actuel des événements, alors que la société humaine semble à un tounrant il vaut mieux reconnaître les desseins mystérieux de la providence divine, qui à travers la succession des temps et les travaux des hommes, la plupart du temps contre toute attente, atteignent leur fin et disposent avec toute sagesse pour le bien de l’Eglise, même les événements contraires »

            Alors tout est fichu, l’Eglise est en déclin, la foi dans le Dieu de Jésus Christ qui nous nourrit d’une nourriture impérissable, c’est fini ? Que non ! Retenons une phrase de l’allocution du Pape François aux étudiants de l’Université Catholique de Lisbonne aux JMJ de 2023 « Nous embrassons le risque de penser que nous ne sommes pas en agonie, mais en accouchement »