J’ai été interpellé cette semaine par une petite phrase de l’épitre aux Corinthiens de ce dimanche : « Nous croyons, c’est pourquoi nous parlons »
Je pourrais dire pour actualiser cette parole et la reprendre à mon compte : « c’est pourquoi je prêche chaque dimanche ! »
Paul VI est un pape qui m’a marqué lorsque j’étais plus jeune. Peut-être parce que Jacques Loew qui avait prêché une retraite au Vatican nous en avait beaucoup parlé. Voici ce que ce Saint Pape, moins médiatique que ses successeurs, écrivait dans l’Encyclique Evangelii Nuntiandi en 1976 : « Croyez-vous vraiment ce que vous annoncez ? Vivez-vous ce que vous croyez ? Prêchez-vous vraiment ce que vous vivez ? Plus que jamais le témoignage de la vie est devenu une condition essentielle de l’efficacité profonde de la prédication… » Lorsque l’on est diacre ou prêtre ou évêque, ces questions fondamentales doivent nous interpeller très sérieusement.
Un autre Pape pour le coup très médiatique celui-là, Jean Paul II a écrit en 1990 dans une Encyclique intitulée « Redemptoris Missio », :« L’homme contemporain croit plus les témoins que les maitres (69), l’expérience que la doctrine, la vie et les faits que les théories. »
Jacques Loew, dominicain, le premier prêtre ouvrier en France, fondateur de la mission des prêtres ouvriers Pierre et Paul à Marseille, l’initiateur des communautés de base au Brésil, de l’Ecole de la Foi à Fribourg en Suisse, auteur de nombreux ouvrages de spiritualité, s’était fait connaître par un ouvrage qui a été à son époque un best-seller, « Comme s’il voyait l‘invisible » Jacques Loew s’interroge dans cet ouvrage écrit en 1964, dans l’immédiat après Concile Vatican II sur:: « quel type d’apôtre faut-il aujourd’hui ? Comment doit-il se situer pour aimer ce monde sans en être prisonnier ? Comment s’y engager et y révéler le visage de Jésus-Christ ? »
Et bien voyez-vous, ici à Chambord, dans un site touristique parmi les plus connus et visités de France, où le monde entier défile, je me pose plus que jamais ces questions. Je n’ai pas de réponse toute faite, il me semble que l’accueil modeste que nous faisons à ces 150 000 milles visiteurs qui viennent jeter un œil à cette toute petite église contribue modestement à l’évangélisation. La Parole de Dieu se suffit à elle-même cela me semble une évidence ; mais comment en témoignons-nous ? Quels moyens humains prenons-nous pour l’annoncer communautairement et individuellement ? Est-ce que dans nos manières d’être, de nous comporter, nous donnons envie aux non chrétiens qui passent ici de venir rejoindre Celui qui nous fait vivre, nous donne sa paix et sa joie ? Notre monde paradoxal refuse Dieu mais recherche un absolu qu’il ne trouvera que dans le témoignage que nous donnerons de la joie de croire à se Dieu trois Saints qui a donné et donne en permanence des signes de son Amour pour nous.