Homélie Pentecôte
« L’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, Lui vous enseignera tout, et Il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »
C’est ainsi que le jour de la première Pentecôte, les Apôtres, réunis avec la Vierge Marie au Cénacle, sont remplis de l’Esprit Saint. Et subitement tout devient clair pour eux. Ils se souviennent et comprennent tout ce que Jésus leur a enseigné. La peur les quitte, et, mûs par une force nouvelle, ils vont se mettre à étonner tout le monde. Ils annoncent la Parole de Dieu avec assurance et sans crainte. Ils s’expriment comme l’Esprit les inspire.
Nous sommes loin de cette première Pentecôte ! L’Esprit Saint serait-il devenu muet en 2024 ? A-t-il abandonné l’Eglise ? N’a-t-il plus rien à dire ? Non bien évidemment, rien de tout cela. L’Esprit du Seigneur est toujours à l’œuvre. Il est actif mais c’est nous qui la plupart du temps ne savons pas, ne pouvons pas ou ne voulons pas le voir à l’œuvre. Quand Il se manifeste nous adoptons trop souvent l’attitude des sceptiques qui écoutaient les Apôtres : « Ils sont pleins de vin doux ! »
« Est-ce que nous sommes disposés les uns et les autres à nous laisser bousculer dans nos certitudes ? Certitude d’avoir raison dans toutes nos opinions. Sur la société, l’économie, la politique ? Certitude sur la vie de l’Eglise de notre diocèse. Certitude sur la liturgie, sur nos manières de vivre notre foi ? Certitude sur ce que devrait faire ou ne pas faire le curé, le diacre.
La seule certitude que nous devrions avoir, c’est que l’Esprit Saint nous inspire tous… Qu’il affirme à notre esprit que Jésus est le fils du Dieu vivant, qu’il est mort pour notre Salut et qu’Il est ressuscité pour nous attirer dans la vie bienheureuse de son Père. Pour les autres certitudes mettons-leur, à toutes les bémols permettant de chanter juste d’un seul cœur (et en chœur !)
Est-ce que nous sommes prêts à vivre comme la première communauté chrétienne de Jérusalem en étant « fidèle à la prière, à l’enseignement des Apôtres, à la fraction du pain, au partage ? Est-ce que nous donnons vraiment envie aux autres de venir nous rejoindre et de faire un bout de chemin avec nous ? Est-ce que nous rayonnons et sommes en lien avec les autres Communautés chrétiennes ?
Nous pouvons faire un examen de conscience en toute confiance…Et là je vous cite le Pape François : « Demandons la grâce de nous accoutumer à la présence de ce compagnon de route, l’Esprit-Saint, ce témoin de Jésus qui nous dit où est Jésus, comment trouver Jésus, ce que dit Jésus. L’examen de conscience fait partie des instruments du progrès spirituel pour saint Ignace de Loyola. Il recommande de faire l’examen de conscience tout d’abord en rendant grâce à Dieu « pour les bienfaits reçus », puis de « demander la grâce de connaître ses péchés et de les rejeter ».
Demandons à l’Esprit Saint de nous illuminer de l’intérieur pour enfin le laisser agir en nous.
Demandons sans crainte ce matin tous ensembles pour l’église de Chambord le don de la parole courageuse alors que règne la terreur des idéologies destructrices de la vie, de la famille, du couple.
Si Dieu s’évanouit dans notre société, qu’il ne s’évanouisse pas dans nos vies chrétiennes car la nature ayant horreur du vide il se pourrait bien que nous le remplacions par des idoles comme l’argent, le sexe, le corps, les plaisirs, la jouissance. Mais, plus les dieux sont petits, moins les hommes sont libres.
Demandons également un Esprit de liberté pour que nous puissions communautairement vivre des fruits de l’Esprit Saint. L’Esprit que nous avons reçu à notre baptême ne fait pas de nous des esclaves, des gens qui ont encore peur nous dit Saint Paul.
Demandons à l’Esprit Saint de nous prémunir contre l’esprit de division. Dans notre Eglise il ne doit pas y avoir de camps. Il n’y a que des chrétiens. Aspirons de toutes nos forces à vivre d’amour, de la joie, de la patience, de la bonté, de la bienveillance, de la foi, de la douceur, de la maîtrise de soi… c’est-à-dire des fruits de l’Esprit
Demandons l’audace de témoigner ouvertement de notre foi.
La période de l’enfouissement qui a laissé le champ libre aux idéologies que nous subissons aujourd’hui, est révolue. Amen !